Histoire des Alpes - Storia delle Alpi - Geschichte der Alpen (1996)/03

L'histoire des Alpes en France (R. Fevier, 1996)

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[p. 22 modifica]L’HISTOIRE DES ALPES EN FRANCE APERÇU DES TRAVAUX ET AXES DE RECHERCHES


René Favier


Zusammenfassung


Die Geschichte der Alpen in Frankreich. Übersicht der Arbeiten und Forschungsrichtungen

Dieses kurze Panorama über die historische Alpenforschung in Frankreich gliedert sich in drei Flauptteile. Der erste weist auf die Vielfalt der gelehrten und wissenschaftlichen Publikationen und Zeitschriften hin. Der zweite, wesentlichere Teil versucht eine Bilanz über die aktuelle Forschung zu ziehen, sowohl im Bereich der Archäologie (mit Gliederung nach Perioden: Urgeschichte, Protogeschichte, Geschichte) als auch der Geschichte. Er beinhaltet insbesondere eine kurze, thematisch geordnete Darstellung der wichtigsten Dissertationen, die während den letzten zehn Jahren an französischen Universitäten abgeschlossen wurden (zu Agrargeschichte, Stadtgeschichte, Kirchengeschichte, Industriegeschichte). Der dritte Teil ist den verschiedenen mit der alpinen Welt befassten Forschergruppen gewidmet. Die meisten von ihnen stammen aus Grenoble, hervorzuheben ist aber auch die Originalität und Bedeutung der Gruppen aus Nizza (besonders in der Archäologie) und aus Aix-en Provence.

En France, la recherche sur l’histoire des Alpes se caractérise d’abord, à n’en pas douter, par le grand nombre et la diversité de ses foyers. Si l’on peut considérer que, par sa position géographique et sa tradition universitaire, Grenoble constitue un site central, celui-ci n’est nullement exclusif de nombreux autres pôles. Outre la recherche «institutionnelle» des universités de Chambéry, Lyon, Nice et Aix-en-Provence (voire celle pouvant exister dans des pôles extra-régionaux - ainsi l’institut Européen de Florence), il existe [p. 23 modifica]également une recherche érudite importante et de qualité portée par un réseau dense de sociétés savantes, inscrites dans un cadre local ou départemental. On essaiera de donner de ces multiples entreprises de recherche une vision entrois points: la diversité des publications érudites et scientifiques; les grands axes de la recherche universitaire; les équipes et programmes de recherche.


1. LA DIVERSITÉ DES PUBLICATIONS ÉRUDITES ET SCIENTIFIQUES

Il n’est pas possible, dans le cadre de cette brève présentation, de prétendre fournir un inventaire critique, même incomplet, de la diversité des recherches historiques entreprises. Mais une rapide énumération des principales revues ou bulletins porteurs de cette recherche donnera une image de cette diversité. On retrouvera dans ces différentes publications aussi bien des produits de la recherche universitaire que des contributions érudites de qualité.

Bulletin de Société d’Etudes des Hautes-Alpes

Revue trimestrielle publiée à Gap et consacrée pour l’essentiel à l’espace départemental. Plus généralement, un inventaire des principales publications anciennes et récentes relatives au département des Hautes-Alpes a été publié en 1992 par Yves Playoust dans le Guide des archives des Hautes-Alpes. Outre un certain nombre d’ouvrages généraux classés selon un ordre géographique (rubriques Alpes, Provence, Dauphiné), les ouvrages et publications relatifs aux Hautes-Alpes (près de 350 titres) y sont classés par thèmes et par soussecteurs géographiques.

Cahiers d’histoire

Publication des universités de Lyon, Chambéry, Clermont-Ferrand et Grenoble. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une revue alpine, mais les travaux sur la Savoie et le Dauphiné y sont fréquents et importants. On soulignera en particulier les bilans bibliographiques sur le Dauphiné sous l’Ancien Régime publiés en 1963 et en 1981 par Vital Chomel.

Le Monde Alpin et Rhodanien

Revue d’ethnologie et d’histoire publiée par le Musée dauphinois de Grenoble, qui fournit depuis 1973 une tribune aux spécialistes d’ethno-histoire. [p. 24 modifica] La Pierre et l’Écrit. Patrimoine de l’Isère

Revue d’archéologie (la «Pierre») et d’histoire (l’«Écrit») qui associe à la fois des universitaires, des archéologues, des conservateurs du patrimoine et des animateurs d’associations, et qui publie depuis 1990 un volume annuel. On y trouvera en particulier une chronique bibliographique régulière sur le département de l’Isère et l’ancienne province de Dauphiné.

Recherches régionales. Alpes-Maritimes et contrées limitrophes

Revue publiée par les Archives départementales des Alpes-Maritimes qui contribue, entre autres, à la diffusion des recherches entreprises par les étudiants en histoire de l’université de Nice. Si les problèmes relatifs au littoral méditerranéen occupent une place dominante dans ces publications, l’espace alpin constitue un domaine également très représenté.

Revue drômoise

Version rénovée de l’une des plus anciennes sociétés savantes de la région Rhône-Alpes (Société d’Archéologie et de Statistique de la Drôme), cette revue accueille un certain nombre de publications relatives au Vercors, aux marges occidentales des Alpes françaises.

Revue de géographie alpine

Revue publiée par l’institut de géographie alpine de Grenoble, qui a fait longtemps une place importante à la recherche sur l’histoire des Alpes.


2. UN BILAN DE LA RECHERCHE ACTUELLE


2.1. La recherche archéologique

Par nature collective, portée par de très nombreuses équipes universitaires (Grenoble, Nice), des amateurs et des centres professionnels, stimulée par les grands travaux d’aménagement du territoire (en particulier l’autoroute Grenoble Sisteron, A 51) qui ont suscité des fouilles préventives, la recherche archéologique s’est considérablement développée dans les Alpes françaises au cours des dernières années. Elle s’est fortement orientée vers des études sur le paléo-environnement dans le milieu montagnard, particulièrement sensible aux modifications météoclimatiques comme à l’activité anthropique.1 On peut distinguer plusieurs axes majeurs: [p. 25 modifica]En matière de préhistoire: la poursuite de l’exploitation du grand gisement paléolithique inférieur du Lazaret près de Nice; les recherches sur la période où disparaît la contrainte glaciaire: magdaléniens, aziliens et mésolithiques, premiers pasteurs-agriculteurs du néolithique; l’émergence des économies de production en moyenne montagne (site de Vassieux en Vercors); la préparation de la publication des travaux sur le site immergé (néolithique final) de Charavines (piémont occidental de la Chartreuse).

En matière de protohistoire, l’étude de l’ensemble des gravures rupestres, véritables sanctuaires de haute montagne, connaît un spectaculaire renouveau: inventaire et interprétation de ceux du Mont Bego dans les Alpes Maritimes (âge du bronze essentiellement); prospection de ceux de la vallée de la Maurienne (âge du fer), avec de magnifiques représentations de guerriers armés et d’animaux (chien, bouquetin, etc.).

Pour les périodes historiques, prédominent les études des petits sites ruraux, d’une manière diachronique, mettant en lumière les étapes du peuplement, particulièrement en milieu de moyenne montagne (Oisans, Trièves, Dévoluy... ); pour sa part, l’étude des châteaux, centres du pouvoir seigneurial, marque le pas: essentiellement des travaux d’archives et des projections d’inventaires («Résidences seigneuriales et fortifiées de l’ancien diocèse de Genève»); l’archéologie minière en couche se développe de manière spectaculaire, à partir des fouilles de Brandes à l’Alpe d’Huez (Oisans): apogée de l’exploitation des mines d’argent delphinales aux XIIe-XIIIe siècles. D’autres recherches débutent, en particulier en Maurienne; l’organisation de la ville gallo-romaine et médiévale: études d’édifices religieux (groupe épiscopal de Grenoble, cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne), rôle des pratiques funéraires et commémoratives dans le processus de christianisation (sites cimetériaux de Digne, de SaintLaurent de Grenoble, nécropole rurale d’Yvoire en Savoie).


2.2. La recherche historique

On ne rappellera que pour mémoire les travaux anciens de André Allix, Raoul Blanchard, Marcel Blanchard, ou un peu plus récents de Pierre Léon,2 du géographe Gilbert Armand - qui comporte une importante profondeur historique3 -, ou de Jean Nicolas.4 Un nombre important de travaux individuels (fruits principalement de la production des thèses universitaires), ou collectifs

[p. 26 modifica]ont été menés à bien et souvent publiés au cours des dix dernières années. On peut essayer de dresser un rapide inventaire en distinguant plusieurs axes.

Les travaux sur le monde rural ont concerné aussi bien le domaine savoyard que dauphinois. Les premiers ont fait l’objet de publications récentes: Roger Devos, Vie et traditions populaires savoyardes, Lyon 1991; Hélène Viallet, Les alpages et la vie d’une communauté montagnarde: Beau fort du MoyenAge au XVIIIe siècle, Mémoires et documents publiés par l’Académie Salésiemie, t. 96, 1993. Ceux sur le Dauphiné restent pour la plupart encore sous forme dactylographiée. Les travaux de Bernard Bonnin (La terre et les hommes en Dauphiné au XVIle siècle, thèse soutenue en 1979) et de Henri Falque-Vert (Les hommes et la terre en Haut-Dauphiné au XIIIe siècle, 2 vol., 1992; parution prévue aux Presses universitaires de Grenoble en 1996), - travail centré sur les communautés du Queyras, du Valcluson et de la haute Varaïta -, abordent à la fois les aspects proprement économiques (travail de la terre, diversité des activités, développement de la transhumance...), les structures foncières et l’encadrement seigneurial, les aspects démographiques. Celui de Michel Prost (L’isolât de la Vallouise. 1540-1851) est pour sa part centré sur ces questions démographiques (structures démographiques, essai d’anthropologie physique).

Parallèlement, deux études importantes ont concerné les activités minières et artisanales en milieu rural: celle de Marie-Christine Bailly-Maître sur le milieu des mineurs paysans de l’Oisans (Le site de Brandes-en-Oisans aux XIIIe et XlVe siècles, Grenoble 1987), et surtout celle d’Alain Belmont (Les artisans ruraux en Bas-Dauphiné du XVIe au début du XVIIIe siècle, 1990, EHESS; publication prévue aux Presses Universitaires de Grenoble en 1997), qui s’est attaché à souligner la spécificité et l’importance (entre 10 et 15% des chefs de famille) de l’artisanat en milieu de montagne, où il n’est pas une simple activité de complément. Cette étude menée sur le temps long a permis de souligner comment la dégradation progressive de la condition paysanne a conduit les hommes à trouver d’autres moyens de vivre, puis, au XVIIIe siècle, à couvrir les besoins nouveaux du monde rural.

• Plusieurs travaux importants ont également été consacrés à la mobilité des hommes. Les plus connus sont ceux de Laurence Fontaine (Le voyage et la mémoire. Les colporteurs de l’Oisans au XIXe siècle, Lyon 1984; plus récemment, Histoire du colportage en Europe (XVe-XIXe siècles), Paris 1993).

[p. 27 modifica]La question a également été renouvelée par les ouvrages de Chantai et Gilbert Maistre sur la Savoie (Colporteurs et marchands savoyards dans l’Europe des XVIIe et XVIIIe siècles, Mémoires et documents publiés par l’Académie Salésienne, t. 98, Annecy 1992), et de Amie-Marie Granet-Abisset sur le Queyras (La route réinventée. Les migrations des Queyrassins aux XIXe et XXe siècles, Grenoble 1994).

• S’agissant de l’histoire urbaine, le domaine savoyard a fait l’objet de plusieurs monographies: la thèse de Réjane Brondy sur Chambéry au XVe siècle; le travail de Jacques Germain sur Annecy («Annecy: institutions et vie municipales sous l’Ancien Régime», Revue Annesei, t. 32, 1994). S’agissant du Dauphiné, la recherche de René Favier (Les villes du Dauphiné aux XVIIe et XVIIIe siècles, Grenoble 1993) a quant à elle été principalement consacrée à l’organisation du réseau urbain dans un espace provincial morcelé géographiquement, économiquement et culturellement.

L’histoire religieuse a principalement été marquée par les travaux de Roger Devos sur le monde salésien, et plus récemment par l’ouvrage majeur de Pierrette Paravy sur le Dauphiné de la fin du Moyen Age (De la Chrétienté romaine à la Réforme en Dauphiné. Evêques, fidèles et déviants (vers 1340-vers 1530), 2 vol., Rome 1993) dont l’importance dépasse de beaucoup le seul monde alpin.

• Deux grandes séries de travaux ont abordé la question de l’industrialisation de la montagne comme facteur de modernisation.

Le développement de l’hydroélectricité a été le thème le plus porteur. Le passage de l’hydraulique à l’hydroélectricité a été étudié, sous l’impulsion de l’EDF, par des travaux assez nombreux portant sur les équipements et la production électrique dans les Alpes et les pays péri-alpins. Ces recherches ont donné lieu aux contributions de Flenri Morsel dans les trois volumes de l'Histoire de Vélectricité en France, dirigée par François Caronet Maurice Levy-Leboyer (de même ses nombreuses publications dans le Bulletin de l’histoire de l’électricité: 1984, 1990, 1991, 1994). Par ailleurs, plusieurs thèses récentes ont exploré des secteurs plus précis et plus restreints (ainsi les travaux encore dactylographiés de Anne Bertrand-Camitaud, De l’eau et des hommes. La production électrique en Savoie de la nationalisation aux années 1970, Grenoble 1993; Denis Varaschin, La Société lyonnaise des forces motrices du Rhône.

[p. 28 modifica]1892-1945, Grenoble 1995). Le Musée dauphinois de Grenoble pour sa part s’est attaché aux grandioses barrages construits dans les Alpes (publication du volume Les cathédrales électriques par J.-C. Ménégoz et J.-F. Lyon-Caen). Les études sur l’industrie alpine ont été moins systématiques. On soulignera plus particulièrement cependant les études de Jean-Pierre Borgis, sur la petite entreprise industrielle dans les vallées alpines au XIXe siècle (Charles Morel, constructeur dauphinois sous la troisième République, Grenoble 1990; Moulin-Vieux. Histoire d’une papeterie dauphinoise, 1869-1989, Grenoble 1991); les travaux partiels sur des sociétés de la région grenobloise (en particulier Pechiney) - un bon résumé dans l’ouvrage de H. Morsel et J.-F. Parent, Les industries de la région grenobloise, Grenoble 1991, qui souligne l’importance des entreprises papetières, cimentières, électrochimiques et électrométallurgiques. L’Institut de l’Aluminium pour sa part soutient quelques recherches sur les grands sites électrométallurgiques des Alpes. Ainsi, le travail de P. Sicheri publié en 1992, La Romanche au temps des crises.

• Les publications relatives au patrimoine (souvent collectives) ont été très diverses. On retiendra plus particulièrement les travaux de J. Chatelain (Mobiliers traditionnels des Alpes occidentales, Ivrea 1991), Pierre Préau (Savoie, esprit des lieux, Les Marches 1991), P. Putelat et P. Gagnaire (Cadrans solaires des Alpes, Molines-en-Queyras 1993.), et surtout les inventaires régionaux du patrimoine: Service régional de l’inventaire Rhône-Alpes, Val d’Abondance, Collection «Cahiers du patrimoine», Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, 1994. Le Beaufortin, pays de Savoie, Collection «Cahiers du patrimoine», Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, 1990; les publications du Musée dauphinois sur le patrimoine archéologique du département de l’Isère: Archéologie chez vous (Cantons de Voiron, Morestel, Vif...); collection renouvelée depuis 1994 avec une nouvelle appellation Patrimoine en Isère. Deux volumes parus: canton de Vizille, canton de Domène.


3. ÉQUIPES ET PROGRAMMES DE RECHERCHES UNIVERSITAIRES

La recherche universitaire actuelle est portée par des équipes, dont certaines sont en cours de restructuration, engagées sur des programmes souvent pluridisciplinaires.

[p. 29 modifica]3.1. Les équipes


À Grenoble, le CHRIPA5 - (Centre de Recherche sur l’histoire de l’Italie et des pays alpins de l’Université Pierre Mendès France; directeur Daniel Grange) - a organisé, depuis 1973, en relation avec le Centre d’études sur l’Arc Alpin de l’Université de Turin, une série de rencontres dont les actes ont été publiés alternativement à Grenoble et Turin. Les thèmes retenus ont concerné aussi bien les problèmes économiques que politiques et culturels (identité régionale, frontière, problèmes politiques, presse régionale, etc.), s’inscrivant dans cadre chronologique large, où les XIXe et XXe siècles sont cependant dominants. Au sein de ce centre de recherche, se sont organisé plusieurs équipes qui travaillent sur le domaine alpin:

ROMALP (Romanisation des Alpes occidentales; responsable Bernard Rémy).6 En relation avec des chercheurs d’autres universités (Savoie et Lyon 2) et institutions françaises ou étrangères (archéologues, conservateurs de musées), l’équipe travaille, dans une approche pluridisciplinaire, à une meilleure connaissance de la romanisation des Alpes occidentales.

ERICA (Evolutions, Résistances et Identités des Cultures Alpines; responsable Colette Annequin),7 animée principalement par des historiens de l’Antiquité, du Moyen Age et des archéologues, se propose, en collaboration avec la DRAC (Direction Rhône-Alpes des Affaires culturelles) d’analyser sur la longue durée la formation et l’évolution des cultures alpines.

Le GRHESALP (Groupe de recherches historiques sur les économies et les sociétés alpines; responsable René Favier),8 constitué en 1995, s’attache plus particulièrement à animer des séminaires d’histoire économique et sociale (un premier cycle de séminaire a été consacré en 1995-1996 à l’histoire industrielle), à valoriser le potentiel considérable de travaux que constituent les nombreux mémoires de maîtrise réalisés par les étudiants (un exemple récent: Les activités pastorales à Besse-en-Oisans au XVllle siècle, juin 1995).

Indépendamment de ces équipes, le GIRPPA (Groupe Interuniversitaire de Recherche sur les Peuplements et les Paléomilieux Alpins; responsable P. Bintz)9 regroupe des géographes de l’Université Joseph Fourier de Grenoble, et les préhistoriens de l’Université Pierre Mendès France pour étudier la variété des paléo-environnements alpins, ainsi que l’évolution des interactions de l’homme et de son milieu. Il a organisé en septembre 1995 un colloque à Grenoble sur le paléo-environnement; en relation avec cette manifstation, le

[p. 30 modifica]Musée dauphinois présentait une exposition sur les «Premiers Alpins, derniers chasseurs de la Préhistoire aux premiers paysans».

• En dehors de Grenoble, il convient de souligner, outre l’importance à Lyon du Centre Pierre Léon d’histoire économique et sociale10 dont les activités s’inscrivent dans un cadre national, l’originalité et le dynamisme des équipes d’Aix-en-Provence et de Nice.

Basée à Aix-en-Provence, l’A. A. A. A. (Association anthropologique de l’Arc alpin)11 est une équipe pluridisciplinaire qui réunit l’UPR 221 du CNRS de dynamique bio-culturelle d’Aix-en-Provence et le laboratoire d’Anthropologie de l’Université de Turin, et travaille en collaboration avec d’autres laboratoires français ou suisses. Cette entreprise inter-disciplinaire de l’entreprise associe des historiens à des anthropologues, des préhistoriens, des archéologues, des généticiens de population, des informaticiens pour étudier l’histoire bio-démographique des populations du Haut-Dauphiné des origines à nos jours. A Nice, les travaux se structurent autour de plusieurs équipes: Centre Régional de Documentation occitane,12 organisateur en particulier en avril 1995 d’un colloque sur L’élevage en Provence (issu de ce centre, le Centre de Recherches et d’Etudes des Alpes Méridionales); l’institut de préhistoire et d’archéologie des Alpes maritimes; le Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine;13 le Laboratoire d’ethnologie.14

• Indépendamment des équipes en tant que telles, il convient de souligner l’importance de deux structures: le Pôle européen et scientifique de Grenoble; l’association «Alpes francophones». Le Pôle européen et scientifique de Grenoble15 regroupe, sur des programmes, des chercheurs des trois universités grenobloises (Université scientifiques et médicales - Grenoble 1, Université des sciences sociales - Grenoble 2, Université des Lettres et Langues - Grenoble 3); il s’est fixé parmi ses objectifs de «promouvoir et approfondir les échanges entre les chercheurs et d’encourager le dialogue entre institutions de la recherche et les pouvoirs publics par delà les frontières et les disciplines».

L’association «Alpes francophones»16 pour sa part s’est fixé pour objectif de réunir l’ensemble des acteurs économiques, culturels et scientifiques montagnards parlant français et vivant en Suisse, Italie et France. Elle entend promouvoir plusieurs objectifs: favoriser les relations et les échanges pour créer

[p. 31 modifica]des synergies spécifiques à la francophonie alpine; faire travailler les responsables économiques, scientifiques et culturels dans une approche solidaire, valoriser les savoir-faire et les productions, produire des outils de diffusion sur les potentialités régionales destinées aux responsables d’entreprises, aux collectivités territoriales et aux agents du tourisme.


3.2. Des programmes de recherches

Un inventaire des programmes de recherches en cours est incontestablement beaucoup plus complexe à réaliser. On se contentera ici de n’évoquer que quelques-uns de ceux qui ont paru les plus importants.

«Nouvelles modalités d’utilisation de l’espace alpin», porté par le Pôle européen et scientifique de Grenoble. Après le Forum Alpin organisé en 1994 à Disentis (Suisse), un second ForumAlpin sera organisé du 10 au 13 septembre 1996 à Chamonix conjointement avec l’Académie suisse des sciences naturelles (ASSN).17 Il sera consacré aux nouvelles modalités d’utilisation de l’espace alpin dans une optique de développement durable. Les problèmes historiques y trouveront largement leur place à côté des aspects naturels, socioéconomiques et politiques, la dimension historique de la question. Les thèmes retenus sont:

- Les Alpes: une région?

- Utilisation de l’espace et dynamique des écosystèmes.

- Processus de concentration et de diffusion des activités dans l’occupation de l’espace alpin.

- Activités agro-forestières: nouvelles pratiques de gestion.

Programme pluridisciplinaire d’enquête sur «La naissance d’une vallée industrielle en Dauphiné: la vallée de la Fure»

Ce projet est porté par le Centre d’Archéologie du Musée dauphinois de Grenoble,18 à l’initiative de Michel Collardelle, conservateur Général du Patrimoine à la Direction des Musée. L’enquête, consacrée au patrimoine industriel, s’inscrit dans un cadre chronologique long du Xlle au XIXe siècle. Elle associe des archéologues, des historiens, des géographes, un ethnologue, un ingénieur électronicien. [p. 32 modifica]

Projet franco-italien sur l’histoire de l’immigration.

Ce projet associe l’«Archivio storico dell’Emigrazione» de la province de Cuneo (Maria-Josefa Cerutti), la province d’Imperia, les universités de Nice (Ralph Schor), de Turin (Paola Corti) et de Gènes (Augusta Molinari), et les Archives départementales des Alpes-Maritimes. Son objet est la constitution d’une base de données documentaires sur l’immigration italienne dans les Alpes-Maritimes. Cette collaboration a donné lieu à la publication conjointe d’un recueil d’articles intitulé «L’émigration transfrontalière: les Italiens dans la France méridionale», numéro spécial de Recherches régionales, 3e trimestre 1995.

Programme «Villages d’altitude»

Il s’agit de procéder à un état des lieux des connaissances dans le domaine des villages d’altitude, d’étudier les possibilités de réinvestissement de ces savoirs dans les initiatives locales de développement. Porté par le Musée dauphinois de Grenoble, le musée départemental et les archives départementales des Hautes-Alpes ainsi que le Parc naturel du Queyras, il a permis en décembre 1995 l’organisation à Arvieux en Queyras d’un séminaire pluridisciplinaire et international regroupant des historiens, des géographes, des ethnologues et des conservateurs de musées.

Programme franco-japonais «De la ville à la ville alpine»

Ce programme pluridisciplinaire, qui associe aux historiens des géographes, des sociologues, des urbanistes et des littéraires français, japonais et autrichiens, est soutenu en particulier par le CNRS au Japon, la Maison franco-japonaise de Tokyo, et les Services culturels de l’Ambassade de France à Tokyo. L’objectif est de rechercher ce qui fait l’identité des villes alpines, et, s’agissant plus particulièrement de la dimension historique de la question, de s’interroger sur la manière dont la montagne a peu à peu été considérée comme un élément spécifique de leur développement ou de leur retard.

Le bilan n’est sans doute qu’incomplet. Avec toutes les lacunes qu’il comporte sûrement, il n’a pour seule ambition que de témoigner de la diversité des entreprises de recherches sur les Alpes, entreprises qui ne se limitent pas à la seule communauté des historiens, mais sont aussi portées par des sociologues, ethnologues, dialecticiens, géographes, etc. La COTRAO (Communauté de travail des Alpes occidentales) a déjà été l’occasion de faire converger une

[p. 33 modifica]partie de ces multiples initiatives (à travers en particulier le volume L’Homme et les Alpes, 1992, publié simultanément en France et en Italie). La création de la nouvelle Association internationale pour l’histoire des Alpes permettra sans nul doute à toutes ces entreprises de trouver une dimension nouvelle.

Note

  1. [p. 23 modifica]Centre archéologique. Conservation du patrimoine, Rue Maurice Gignoux, 38000 GRENOBLE (tél.: 76.85.19.04); Centre de documentation de la préhistoire alpine, 53 rue du Drac, 38000 GRENOBLE (tél.: 76.96.34.25); Base archéologique de Charavine, Colletière, route de Bilieu, 38850 CHARAVINE (tél.: 76.06.64.68).
  2. [p. 23 modifica]La naissance de la grande industrie en Dauphiné (fin XVIIe-1864), Paris, 1955.
  3. [p. 23 modifica]Villes, centres et organisation urbaine dans les Alpes du nord, Grenoble, 1974.
  4. [p. 23 modifica]La Savoie au XVIIIe siècle. Noblesse et bourgeoisie, Paris, 1979.
  5. [p. 23 modifica]UFR des Sciences Humaines, Université Pierre Mendès France, BP 47, 38040 GRENOBLE Cedex.
  6. [p. 23 modifica]UFR des Sciences Humaines, Université Pierre Mendès France, BP 47, 38040 GRENOBLE Cedex.
  7. [p. 23 modifica]UFR des Sciences Humaines, Université Pierre Mendès France, BP 47, 38040 GRENOBLE Cedex.
  8. [p. 23 modifica]UFR des Sciences Humaines, Université Pierre Mendès France, BP 47, 38040 GRENOBLE Cedex.
  9. [p. 23 modifica]Institut Dolomieu, 15 rue Maurice Gignoux, 38031 GRENOBLE Cedex, tél.: 76.63.59.23.
  10. [p. 23 modifica]MRASH, 14 avenue Berthelot, 69363 LYON Cedex 07, tél.: 72.72.64.01.
  11. [p. 23 modifica]Château Saint-Jean, 05120 L’ARGENTIERE-LA BESSEE, tél.: 92.23.04.48. 12 77 allée des Cèdres, 06371 MOUANS-SARTOUX, Cedex 13 Tél.: 93.37.54.50. 14 UFR Lettres, Arts et Sciences Humaines de Nice Sophia-Antipolis, 98 Bd Edouard Herriot, BP 209, 06204 NICE Cedex, tél.: 93.37.53.32 15 470 avenue de la Bibliothèque, Domaine universitaire, BP 52, 38402 GRENOBLE Cédex. 16 1 rue Henri Le Chatelier, 38000 GRENOBLE, tél./fax.: 76.49.97.34. 17 Renseignement: ASSN-SANW, Forum Alpin ’96, Barenplatz 2, CH-3011 BERNE. 18 30 rue Maurice Gignoux, 38000 GRENOBLE, tél.: 76.85.19.01.
  12. [p. 23 modifica]77 allée des Cèdres, 06371 MOUANS-SARTOUX, Cedex
  13. [p. 23 modifica]Tél.: 93.37.54.50.
  14. [p. 23 modifica]UFR Lettres, Arts et Sciences Humaines de Nice Sophia-Antipolis, 98 Bd Edouard Herriot, BP 209, 06204 NICE Cedex, tél.: 93.37.53.32
  15. [p. 23 modifica]470 avenue de la Bibliothèque, Domaine universitaire, BP 52, 38402 GRENOBLE Cédex.
  16. [p. 23 modifica]1 rue Henri Le Chatelier, 38000 GRENOBLE, tél./fax.: 76.49.97.34.
  17. [p. 23 modifica]Renseignement: ASSN-SANW, Forum Alpin ’96, Barenplatz 2, CH-3011 BERNE.