sont assez communs dans les États romains, et fréquemment les évêques ou les vicaires y ont un intérêt direct. Quand ils ne peuvent parvenir à procurer à la jeune fille un mari, il cherchent tout au moins à lui faire avoir une dot. La donzelle est chargée de faire les doux yeux à un homme, peu importe qu’il soit célibataire ou marié, pourvu qu’il ait quelque fortune et un caractére susceptible de se laisser aller à l’intimidation. Quand l’homme se laisse prendre à ces agaceries, il parle, dans la rue, deux ou trois fois à la jeune fille, puis il finit par aller chez elle: il y retourne, mais il a été suivi par les agens de évêché qui ont épié toutes ses démarches, et l’ont attendu à la porte pour pouvoir déposer de ses visites. Quelques semaines après, la femme dépose à la curie une plainte dans la quelle le galant visiteur est accusè de relations intimes, obtenues à l’aide d’une promesse de mariage: le vicaire accueille la demande, et fait appeller le séducteur sans le savoir. Si la victime veut éviter un scandale, ou se soustraire, s’il est marié, à un mariage impossible, il paye une dot: c’est là précisément ce que voulait le vicaire. Le prince L. devait, de par le vicaire, fournir a une jeune fille de Riccia, qu’il était censé avoir séduite, une dot, plus une pension alimentaire pour son rejeton supposé. Le prince L. était le mari honoraire de la princesse M., car il avait un jugement qui avait prononcé le divorce pour cause d’impuissance absolue: cette décision était un secret profondément gardé, dans la famille par amour propre, par la princesse pour d’autres raisons. Le vicaire savait tout cela, et comme il pensait bien que, pour rien au monde, on ne voudrait divulguer le secret, il en profita pour obtenir en faveur de la jeune fille la dot, et pour l’enfant, la constitution de la pension. — Tous ceux qui n’ont pas de raisons spéciales pour éviter de tels procès devant la curie épiscopale, auront toujours le plus grand tort de ne pas les éviter, par un sacrifice d’argent. S’il s’agit d’une fille qui se soit assuré la protection du vicaire, celui-ci commence par faire arrêter l’accusé, et le scandale est infaillible, la condamnation presqu’inévitable. Un de mes amis fut arrêté un soir; conduit en prison, il y passa la nuit sans savoir pourquoi; le matin un prêtre se présente pour l’interroger, et il apprend alors qu’il est en prison par l’ordre du vicaire; il demanda naturellement pourquoi. On lui répondit qu’une femme, surveillée par la police à cause de sa mauvaise conduite, et que l’on savait enceinte, avait été arrêtée, interrogée, et qu’elle avait répondu que c’était lui qui était le coupable. “Et pourquoi, m’avez-vous fait arrêter?„ —