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382 Sonetti del 1834

deux magnifiques draps d’autel, avec armoiries d’une valeur d’au moins 2,200 écus; calice d’or de 600 écus, mitre précieuse garnie de pierreries, mitre en lames d’or, baptiste, gants, bas, etc., etc."De cette façon, quand le Saint-Père veut renouveler sa garde-robe, il n’a qu’à faire quelque nouveau saint. Pour se faire sanctifier, il en coûte cher, cela ne regarde pas les morts et pour cause, mais ce sont les vivants qui ont cet honneur. On ne fait les saints et les béats, que sur une instance présentée à la Congrégation. Ce sont ceux qui ont requis la canonisation qui payent les frais: qui commande, paye. C’est la famille du saint, ou l’ordre religieux auquel il a appartenu, quelquefois des étrangers saisis par un paroxysme de dévotion pour la mémoire d’un individu qu’ils veulent faire canoniser; les prêtres ne demandent pas mieux. La canonisation de saint François de Sales a coûté 31,900 écus, celle de saint Bonaventure 22,000 ducats d’or, celle de Léopold d’Autriche 25,000; à la canonisation de saint François de Paule, les présents, offerts à Léon X, montèrent à 70,000 écus; Alexandre VII décida, qu’aux dépenses en usage, on devait à l’avenir ajouter 6,000 écus pour la Basilique du Vatican. En adoptant comme règle que l’on ne pouvait sanctifier que ceux qui avaient été préalablement béatisés, Rome a trouvé moyen de doubler le prix de l’introït. En effet, une grande partie des dépenses doit aussi être répétée deux fois. Soit tiédeur religieuse, soit manque d’argent, les demandes de sanctification deviennent chaque jour plus rares, de telle sorte que, pour faciliter la chose, il a fallu, comme pour toute marchandise, l’offrir à meilleur prix. Le Pape Lambertins conseilla aux fidèles de se réunir à plusieurs, et de former une sorte de commandite pour faire proclamer plusieurs individus en même tems; il permit alors, qu’au lieu de faire des dépenses spéciales pour chaque saint, on les fît en commun pour tous à la fois. Ce Pape fait judicieusement observer que, par ce moyen, on peut obtenir des saints pour 11,000 écus en moyenne, et l’un dans l’autre, à peu près 75,000 francs; c’est le dernier mot; le Vatican ne peut pas fournir à moins: very cheap, dirait un anglais. Le même Pape publia le tarif spécial de la béatification et de la sanctification, les taxes pour les avocats, notaires, procureurs, chanceliers, etc. C’est là un document curieux à consulter. Pour un avocat romain, c’est une bonne fortune d’être choisi pour défendre un saint; peu d’affaires rapportent autant, le travail n’est pas grand, et on n’a pas la crainte de ruiner le client, sans compter l’avantage d’avoir en paradis quelqu’un qui vous a des obligations. On lit dans ce tarif: faisons savoir que dans la