LE PROBLEME DE LÀ CONSTITUTION DE L’ATOME
I. La double conception de l’atome.
0’ est un résultat déjà fort remarquable qu’ il soit devenu
possible, grâce aux travaux de ces dernières années,
d’envisager le problème de la constitution de 1’ atome et d’en
rechercher une solution tout au moins approchée. On peut se
demander toutefois, en vue d’une solution plus complète, si
ce problème a été posé jusqu’ ici avec toute la netteté désirable.
Il s’en faut en effet que la notion de l’atome soit elle-même, au
point de vue physique, une notion suffisamment précise ; il
s’y mêle en réalité deux idées contraires et en apparence
irréductibles : d’une part, l’atome apparaît comme un système
parfaitement rigide dont 1’ énergie interne est rigoureusement
nulle ou du moins rigoureusement constante, dont tous les
éléments sont étroitement solidaires et constituent un
assemblage pratiquement indéformable ; d’autre part, il est
représenté comme un système complexe, formé de mécanismes
vibrants, dans une certaine mesure indépendants les uns des
autres, pouvant donner lieu aux lignes définies du spectre
gazeux, et dont le nombre serait par suite en rapport avec
la complexité de ce spectre.
Le désaccord entre ces deux conceptions est indiscutable;
on peut V exprimer sous une forme plus précise en disant
que le nombre des degrés de liberté du système — c’est-àdire le nombre des variables indépendantes nécessaires pour
déterminer la position dans 1’ espace de toutes ses particules
composantes — est au moins égal à celui des mouvements
vibratoires correspondant aux différentes raies du spectre ato