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tendent-ils pas à disparaître, et ne peut-on pas dire alors que les phénomènes nerveux subsistent seuls? Certains mouvements incoordonnés dont le sujet se rend mal compte dans les convulsions, dans les chorées, ne peuvent-ils pas être rattachés à de simples phénomènes cérébraux sans qu’il soit nécessaire de supposer ici la présence de phénomènes psychologiques? Et si nous nous avisions de baptiser ces phénomènes physiologiques sans pensée du nom de «subconscients», ne pourrait-on pas, à cause de l’analogie du nom, dire que tous les phénomènes de somnambulisme ou d’écriture automatique s’expliquent très simplement «par des nuages phosphorescents qui se promènent sur certains centres de l’écorce cérébrale?».

Je me garde bien de discuter ces belles théories, qui séduisent certains esprits par leur apparence pseudo-scientifique et qui d’ailleurs ont peut-être quelque vérité; je me borne à remarquer que c’est encore là un tout autre problème. Sans doute la question des rapports de la pensée avec le cerveau peut être discutée à propos du somnambulisme comme à propos de n’importe quel fait de la vie normale. Mais, à mon avis, il n’y a aucune raison pour que ce grand problème soit particulièrement soulevé à ce propos.

L’assimilation de la conduite d’un somnambule, de l’exécution d’une suggestion, d’une page d’écriture automatique avec des mouvements convulsifs incoordonnés est un pur enfantillage. Ces divers actes sont identiques à ceux que nous sommes habitués à constater chez nos semblables et à expliquer par l’intervention d’une intelligence. On peut évidemment dire qu’une somnambule n’est qu’une poupée mécanique, mais alors il faut en dire autant de tous les hommes qui nous entourent: ce sont là des rêveries inutiles. Dans notre ignorance, nous savons simplement que certains faits complexes, comme une réponse intelligente à une question, dépendent de deux choses que nous croyons associées, un mécanisme cérébral supérieur et un phénomène que nous appelons un fait de conscience. Nous retrouvons les mêmes caractères dans les phénomènes dits subconscients, et nous devons supposer derrière eux les deux mêmes conditions. Pour pouvoir affirmer autre chose, il nous faudrait des connaissances précises sur les signes des phénomènes supérieurs ou inférieurs de l’activité cérébrale, sur les lois de l’association de la cons-