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une portion limitée de matière. La découverte de la radioactivité nous conduisant à admettre que même un atome de corps simple contient une provision d’énergie énorme: rien n’est changé par là aux conclusions de la thermodynamique, relatives aux variations d’énergie dans le passage d’un état à un autre.

Mais si la fonction définie par Thomson d’une façon très claire, et par l’expression mathématique qu’il considère et par la traduction qu’il donne de cette formule en langage ordinaire, satisfait parfaitement à la condition de la conservation; il faut bien reconnaître que le terme qu’il a choisi d’«énergie mécanique», et les commentaires qu’a provoqués cette dénomination, prêtaient facilement à une fausse interprétation.

Ce que Thomson appelait «énergie mécanique» d’un corps, Clausius l’a nommé simplement «énergie» et c’est certainement préférable.

En effet, quand Thomson définit l’énergie mécanique totale d’un corps par la valeur numérique de tout «l’effet qu’il pourrait produire en chaleur émise et en résistances vaincues», il ne dit pas du tout qu’on sera maître d’utiliser intégralement cette énergie en résistances vaincues, plutôt qu’en chaleur émise. Il dit simplement que, s’il arrive que, dans un cas, on tire du corps plus de travail et moins de chaleur, dans un autre, moins de travail et plus de chaleur, travail et chaleur évaluée en unités mécaniques, feront dans les deux cas, une somme constante. Mais ce qu’il risque de laisser entendre aux lecteurs, c’est que cette énergie mécanique totale est susceptible d’être utilisée à volonté sous forme de chaleur ou de travail et, en particulier, d’être intégralement employée à produire du travail mécanique. Et cela est si vrai que Rankine définira plus tard l’énergie «une capacité quelconque de produire du travail» (capacity of any sort for performing work).

Cette définition pourrait convenir à la puissance motrice de Carnot. Elle ne convient pas à ce que Thomson a appelé «l’énergie mécanique d’un fluide».

Thomson n’a pas tardé à s’en rendre compte.

Que deux corps matériels soient en présence, isolés du reste du monde. Ils peuvent échanger entre eux travail et chaleur. Il résulte de la définition de leur «énergie mécanique»,