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cevoir que la possibilité d’effectuer ainsi des oscillations à droite et à gauche d’une position d’équilibre est précisément la définition de l’équilibre stable. Et s’il a l’occasion de donner des exemples réels, et bien choisis, d’homogénéité instable, comme celui de la nébuleuse, il oublie que la différentiation n’est possible que quand elle correspond à une dégradation d’énergie, et que c’est là le caractère commun aux phénomènes d’allure opposée que nous voyons se produire également dans la nature. Dans le plus simple des changements physiques, le passage de l’état liquide à l’état de vapeur, nous saisissons déjà ce double rythme de la formation d’une masse hétérogène, suivie de retour à un état homogène: dans les deux phases de cette transformation il y a déperdition d’énergie libre, d’abord dans la transformation progressive du liquide en une masse mi-liquide, mi-gazeuse, puis dans le changement final de cette masse hétérogène en une vapeur homogène. De même, un cycle géologique comportant la transformation en pénéplaine, par l’érosion, d’un plateau accidenté, puis la restauration d’un relief montagneux par un soulèvement de la croûte terrestre, n’est composé dans ses deux phases que de phénomènes entraînant dégradation d’énergie; et quand le cycle est fini, quelque chose s’est usé et perdu sans retour. L’énergie libre du globe est devenue moindre. Les philosophes à qui la radioactivité a suggéré l’espoir de démontrer le «retour éternel», ont omis de remarquer que les deux phénomènes opposés, dont l’alternance serait, d’après eux, le résumé de la vie des mondes, à savoir la concentration des nébuleuses en astres distincts, puis la dissociation de la matière en électrons, sont l’un et l’autre des phénoménes entraînant disparition d’énergie libre: ce sont tous deux des phénomènes d’allure inverse, mais ayant un caractère, essentiel commun: tous deux dégagent de la chaleur. Ils ne diffèrent que comme diffère une combustion spontanée d’une explosion spontanée, — la combustion du phosphore ou l’explosion de la nitroglycérine, toutes deux exothermiques. Et le monde que la physique du XXe siècle a découvert, pas plus que celui que nous connaissions, ne nous présente jamais cette alternance de phénomènes restaurateurs et de phénomènes destructeurs d’énergie utilisable, qu’il faudrait imaginer pour qu’il y eût ainsi un rajeunissement périodique de l’univers matériel. Il ne nous présente, — jusqu’ici tout