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d’expérience, tout ce qui était contrôlable et sincère, la supercherie n’étant d’ailleurs en ce domaine qu’exceptionnelle et négligeable. Une psychologie positive, sans «a priori», purement, mais scientifiquement expérimentale, voilà celle qui a rallié les suffrages de l’immense majorité, (que l’on considère le nombre ou la qualité d’ailleurs).

Il en a été de même dans la question du subconscient et dans celle du sentiment. Il n’y a pas eu là de discussion. On n’aurait jamais cru, à entendre ou à lire les rapports de Pierre Janet, de Dessoir, de Morton Prince, de Külpe, du D.r Sollier, les remarques de Bernard-Leroy et de tant d’autres, qu’on avait pu s’appuyer sur la psychologie de l’inconscient ou de la vie affective pour restaurer et légitimer le point de vue métaphysique et la transcendance d’une activité spirituelle. Partout au contraire nous avons vu proclamer non seulement qu’il n’y avait là rien de mystérieux, mais encore les progrès considérables faits par l’étude positive depuis quelques années, dans ces domaines.

La dernière question que nous retenons c’est celle des tropismes. Ici devaient se heurter les restaurateurs du vitalisine ou du finalisme avec Jennings, et les partisans de la causalité au sens de ce mot dans les autres sciences, en particulier dans les sciences physico-chimiques, avec Loeb et Bohn. On peut dire que le combat n’a même pas eu lieu, faute de combattants du côté finaliste. Jennings lui-même, absent d’ailleurs, avait conclu en voyant surtout sous le débat une question de mots, et en acceptant au fond le déterminisme biologique, au sens usuel du mot. Là encore la cause de l’attitude scientifique que nous sommes accoutumés à voir dans les autres champs de l’investigation a triomphé. Peut-être la théorie de Loeb-Bohn avait, dans certains exposés, fait trop bon marché de l’organisation interne et de l’hérédité. Les discussions de MM.r Piéron et Raphaël Dubois ont dissipé tout malentendu. Ce n’est pas le milieu seul qui est la cause de toute l’activité animale. La personnalité animale, c’est à dire l’ensemble du déterminisme qui a abouti à sa constitution actuelle s’interpose dans le déterminisme complet de son activité. Mais il n’y a là aucune brèche faite au principe du déterminisme scientifique. Il n’y en a qu’une application de plus.

D’autre part, le principe de continuité entre les manifestations psychologiques animales et humaines a été affirmé tout au long de ces études.

Un fait s’impose donc: au congrès de Genève, psychologues et philosophes se sont accordés à la presque unanimité sur un point, la légitimité de la psychologie scientifique, élargie et en voie de progrès, (heureusement!) mais continuant l’inspiration