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confirmer cette vérité, qui est du reste évidente par toute la conduite physiologique.

Renoncer à ces grands groupements ne signifie point renoncer à une classification de tous les groupements plus petits qui, à l’état actuel des connaissances somatiques, sont possibles. Du point de vue monogéniste on peut même entreprendre une classification fondée sur la hiérarchie somatique des races humaines, hiérarchie qui devrait être fournie par les recherches phylogénétiques. C’est en ce sens que Stratz a esquissé sa classification phylétique, qui se fonde sur la conception très juste d’attribuer une valeur aux différents caractères physiques suivant qu’ils sont primitifs ou progressifs1, ce qui nous dispense de donner à la forme du crâne une valeur aussi absolue que cela arrive aux systématiques à outrance à leur préjudice manifeste.

Pour nous autres monogénistes, le progrès de l’anthropologie est dans une exacte distribution évolutive des différents groupes humains: pour nous, il est, par ex., d’une importance très grande de rechercher si les Américains présentent à la fois les caractères primitifs des blancs et les caractères primitifs des jaunes, c’est-à-dire s’ils appartiennent à la souche commune non encore différenciée dans ses deux branches terminales; si les Australiens se trouvent vraiment à la base de tous les groupes humains, quelle est la signification de leurs variations divergentes, si elles sont vraiment prénégroïdes et prémongoliques, s’il y en a aussi de correspondantes au type grossier Européen, au type de Darwin, que Klaatsch a appelé australoïde, et au type de Socrate. Ces problèmes-là, et d’autres encore - tels que le dimorphisme sexuel si peu marqué chez les Américains précolombiens (Rivet) et si développé chez les blancs; l’existence de protomorphes à caractères hiérarchiques hauts (Biasutti), ou peut-être enfantins etc. - reflètent tout le devenir de l’humanité, et c’est à leur solution que l’on consacre voyages scientifiques, albums de photographies, recherches anatomiques, rapports aux congrès anthropologiques, en un mot toute l’activité actuelle de l’anthropologie. Un travail continuel de comparaison des groupes humains se poursuit surtout en Allemagne et dans les pays limitrophes à culture allemande: Klaatsch, de retour de l’Australie, où il a recueilli une moisson de faits qui va être monumentale; Martin, par ses études magistrales sur les groupes protomorphes de la presqu’île malaise; les cousins Sarasin, les savants explorateurs d’autres protomorphes à Ceylan et à Célèbes; Hagen, de retour de l’Indonésie, siège d’autres groupes proto-

  1. Pour d’autre détails, cfr. Stratz, Naturgeschichte des Menschen, Stuttgart, 1904; ainsi que: Giuffrida-Ruggeri, Discussioni di Antropologia generale «Monit. zool. ital.» anno XVI (1905) n. 6.