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des rites que nous avons brièvement exposé dans ses grandes lignes n’est pas toujours exactement suivi. Par exemple, dans l’initiation des catéchumènes adultes chrétiens, il y a trois périodes bien distinctes, les périodes respectivement de séparation, de marge et d’agrégation; mais la période de séparation comporte des rites qui sont des rites d’agrégation préliminaire, par exemple l’administration de sel exorcisé. Dans l’initiation du brahmane il n’y a pas à proprement dire de séparation d’avec un milieu profane antérieur, attendu que le brahmane est prêtre-né. A la place d’une séparation il y a, dans l’initiation brahmanique, une première agrégation aux fonctions sacerdotales (la tonsure, le bain, le changement de vêtements, la poignée de mains, etc.), agrégation qui a lieu pendant l’enfance. A la fin de cette agrégation préliminaire l’enfant brahmanique «meurt», il entre la période de marge, dans le noviciat, caractérisé par les tabous de toutes sortes, et au cours duquel le novice est instruit dans la littérature sacrée, les formules rituelles, etc. La fin de la période de marge est marquée par la «renaissance» de l’enfant: ce dernier est désormais compétent pour exercer les fonctions du sacerdoce. La «renaissance» constitue l’agrégation finale à la caste sacrée des brahmanes.

Dans ces deux cas la séparation proprement dite est ou bien absente ou bien il s’y mêle des rites d’agrégation. Dans d’autres cas (e. g. dans les cérémonies de mariage chez les Héréros, cité par l’auteur; p. 201), c’est la période de marge qui est à peu près non-existante. Les rites d’agrégation, par contre, se différencient toujours très distinctement.

Ce qui nous a paru ie plus intéressant dans un livre fourmillant de détails intéressants, ce sont les observations que l’auteur fait au sujet du mariage. (Il faut lire tout ce chapitre, pp. 165-207, avec soin). M. Van Gennep a surtout très bien mis en lumière quatre faits importants: 1° l’importance du facteur économique dans la mariage primitif; 2° que des collectivités plus ou moins vastes (i. e. les deux sociétés sexuelles respectives — les groupements des ascendants des deux côtés — toutes les sociétés spéciales, clan totémique, classe d’âge, communauté des fidèles, corporation professionnelle, caste, etc.) sont intéressés au mariage pour de fortes raisons économiques; 3° que des rites où divers auteurs ont vu une survivance d’un ancien mariage par enlèvement (rapte), ou bien une expression, devenue traditionnelle, de la pudeur, ne sont que des rites de passage et notamment des rites de séparation d’avec les groupes qui, du côté de la jeune fille, sont intéressés au mariage; 4° la raison pour laquelle les mariages se font, chez les primitifs et les demicivilisés, au printemps, en hiver et en automne, c’est-à-dire en