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analisi critiche | 185 |
termes, pas de discontinuité, pas d’interruptions; les diverses phases — e. g. de l’adolescence, de la vieillesse — se succèdent de par le seul jeu des lois naturelles, sans qu’on puisse les intervertir, les retarder, ou les éviter. Mais lorsqu’on vient à considérer l’homme comme être social — lorsqu’on fait abstraction du point de vue biologique — sa vie perd de suite cet aspect d’unité et de paisible continuité. De ce nouveau point de vue nous voyons la vie de l’homme divisée en une série, qui sera plus ou moins grande suivant les diverses sociétés humaines, de compartiments. Le passage de l’un à l’autre de ces compartiments est difficile et demande un certain temps; ii s’accompagne de cérémonies diverses, qui sont souvent fort compliquées. Bref, tandis que la vie biologique de l’homme présente l’aspect d’une unité sans solution de continuité, sa vie sociale, au contraire, présente celui d’une multiplicité de sphères concentriques contenues l’une dans l’autre, mais séparées l’une de l’autre par de hautes palissades qui ne sont parfois que difficilement franchissables. L’enfance, l’adolescence, la vieillesse; dans un autre ordre de faits, la famille, le groupe totémique, la caste; ou bien la classe d’âge, la société sexuelle en générale, la société religieuse en générale (monde sacré), constituent chacun un compartiment, soit de la vie individuelle, soit de la structure sociale, qui est séparé du compartiment voisin par une cloison solide et étanche. Chaque compartiment, considéré en lui-même, constitue un tout autonome, aux frontières nettement délimitées.
Nous voyons donc l’individu social catégorisé dans des compartiments divers, pour employer l’expression de M. Van Gennep, et «pour passer de l’un à l’autre, afin de pouvoir se grouper avec des individus catégorisés dans d’autres compartiments, il est obligé de se soumettre, du jour de sa naissance à celui de sa mort, à des cérémonies souvent diverses dans leurs formes, semblables dans leur mécanisme». (p. 271). L’ouvrage de M. Van Gennep a pour but d’étudier les «cycles cérémoniels par lesquels passe l’homme dans toutes les circonstances graves de sa vie». Les rites de passage sont les rites auxquels l’homme doit se soumettre afin de pouvoir passer d’un compartiment de la vie à un autre, par exemple de l’état d’enfance à l’état de puberté, du célibat au mariage, de la vie profane à la vie sacrée, etc.
Ces rites de passage, nous pourrions les classifler en cinq catégories (cette classification n’est pas de M. Van Gennep), à savoir:
I. Rites de Passage ontogénétique: | Passage | à la vie (naissance). | |
» | » la puberté. | ||
» | » l’âge mûr. | ||
» | » la vieillesse. | ||
» | » la mort (funérailles). |