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analisi critiche | 181 |
Miss Washburn pourra me répondre que tropismes vrais, sensibilité différentielle, ne sont encore que du mécanisme pur, et que ce qui l’intéresse c’est le psychisme des animaux.
Dès le début, elle s’efforce de définir ce psychisme, en en donnant les critères; elle reprend une discussion commencée par Yerkes, qui a choisi comme critères fonctionnels ceux de Royce, à savoir: la «discrimination» la docilité, l’initiative; elle montre bien l’insuffisance de ces divers signes considérés isolément; il faut tenir compte, non seulement des diverses manières dont un animal apprend, mais encore de la rapidité de l’apprentissage: jusqu’ici on n’aurait pas tenu compte suffisament du facteur temps; en général l’apprentissage organique se fait très lentement par rapport à l’apprentissage psychique.
Un court chapitre est consacré aux animaux unicellulaires (Amibes, Paramécies). Il est suivi de toute une série de chapitres sur la «discrimination sensorielle». Je n’aime pas beaucoup ce mot de «discrimination» que je ne trouve pas très clair, mais je remarque qu’au fond Washburn place à la base de l’activité psychique les diverses sensibilités: chimique, auditive, visuelle. Cela est intéressant à noter; cette attitude doit être mise en regard de celle des adhérents à l’Ecole mécaniste allemande, qui nient purement et simplement les sensations chez les animaux inférieurs.
Pour beaucoup d’auteurs allemands, l’activité des animaux inférieurs serait faite uniquement de «tropisme», entendus actes purement mécaniques; ces animaux réagiraient mécaniquement aux causes nuisibles; ils se soustrairaient à ces causes grâce aux tropismes, actes qu’on explique sans faire intervenir la sensibilité de l’organisme; la sensibilité serait inutile chez les animaux inférieurs; les sensations y seraient un «luxe inutile». Pour Ziegler, «il est peu probable que les animaux inférieurs ressentent la douleur»; un Ver qu’on écrase et qui contourne son corps de multiples manières ne souffrirait pas! La douleur, dit-il, doit être considérée comme un «signal d’alarme», qui permet à l’animal de se soustraire à l’altération actuelle du corps ou de l’éviter dans l’avenir; chez les animaux qui réagissent mécaniquement aux causes nuisibles, ce signal serait superflu. La douleur serait un luxe inutile dans la nature; or, il n’y a pas de luxe inutile dans la nature; donc la douleur n’existe pas. Souvent la loi dite d’économie a conduit à faire de pareils raisonnements. On ne saurait trop protester contre ceux-ci. Le livre de Miss Washburn a cela de bon qu’il est fait pour tempérer les exagérations de l’Ecole mécaniste allemande.
En revanche, l’auteur a certainement tort de parler de la conscience chez les animaux; cela avait déjà été celui de Lukas, celui de Wasmann. Il ne faut pas oublier que la conscience ne