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cipes), mais conduire à leur découverte, plus exactement à leur divination. C’est une excellente application de la méthode d’induction, une précieuse occasion d’en montrer le rôle aux élèves et de leur donner un aperçu des procédés de découverte.

Le professeur de physique doit se méfier de deux erreurs:

1. Laisser croire à ses auditeurs que les principes de la mécanique ont quelque chose de nécessaire, qu’on aurait pu les découvrir grâce au raisonnement seul, non guidé par l’expérience: c’était une erreur commune au temps de d’Alembert.

La mécanique pourrait être autre qu’elle n’est sans contradiction logique: on peut rêver un monde où elle reposerait sur d’autres bases.

2. Laisser croire à ses auditeurs que l’expérience démontre les principes.

L’expérience vérifie quelques unes de leurs conséquences avec une approximation limitée et connue. A cette approximation les principes s’appliquent aux faits; on ne sait pas de certitude absolue s’ils s’appliqueraient encore dans d’autres cas et pour un autre degré d’approximation. Il y a toujours, dans l’application de la méthode d’induction, une part d’inconnu.

Sous prétexte de ne pas ébranler la confiance des débutants, il est peu judicieux de leur cacher la nature de notre certitude. Aussi bien le professeur de philosophie serait là pour rappeler son collègue à la vérité: l’élève perdrait confiance en l’un et l’autre de ses maîtres.

Nous nous sommes efforcés dans notre rédaction d’éviter ces erreurs. Nous n’avons eu qu’à raconter comment les découvertes se sont faites. Autant il est vain d’employer généralement la méthode historique, autant ici l’on gagne à rapprocher l’exposition dogmatique du développement chronologique des idées».

La seconde préoccupation maîtresse de Bouasse c’est de partir du concret pour remonter à l’abstrait, et de ne rien négliger pour éveiller directement la curiosité de l’élève, et toucher son intelligence, atteindre ses facultés vives. Par exemple il concevra ainsi le développement respectif des parties de l’optique: «Si nous voulons intéresser nos élèves, il faut insister sur les phénomènes qu’ils peuvent vérifier tous les jours: proposition banale dont on ne tire pas les conséquences. Il en résulte, en effet, que deux chapitres d’optique doivent occuper une place prédominante; ceux où l’on étudie, d’une part l’œil et les conditions de la vision, et de l’autre la photométrie et l’éclairement des objets. Il va de soi qu’on ne peut comprendre le mécanisme physique de l’œil (nous n’avons pas à faire de physiologie) que si l’on connait la théorie des lentilles; mais on doit pour des commençants faire porter l’effort sur l’application de cette théorie