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note critiche 157


ne peut, en semant une variété, pourtant stable, être sûr de ne pas obtenir des retours au type. Mais, en prenant des précautions scientifiques, impossibles dans la pratique horticole, en réalisant la fécondation soi-même, en isolant les pieds de la variété, ou en faisant appel aux rares plantes qui ne sont pas fécondées par les insectes, on constate, assure De Vries, la stabilité absolue des variétés.

Quant à l’origine brusque de la variation, déjà constatée en 1590 pour le Chelidonium majus, qui donna naissance subitement au Chelidonium laciniatum, elle a été établie par De Vries, comme tout le monde le sait aujourd’hui, à partir de l’Oenothera lamarckiana, qui donna brusquement, à diverses reprises, des types nouveaux, sans transition intermédiaire avec le type original. La mutation serait en effet totalement différente de la fluctuation, en ce qu’elle sortirait nettement des limites de la courbe binomiale. C’est ainsi que le type mutant nain (O. lamarckiana var. nanella) subitement apparu avait une taille beaucoup plus petite que celles qui avaient été atteintes au cours de fluctuations du type. Parmi les types mutants, la plupart constituaient des variétés régressives; mais deux d’entre elles, à caractères complètement individualisés, représentaient des espèces élémentaires nouvelles stables.

Les caractères des mutations, dégagés par De Vries à la suite de ses expériences étaient les suivants: apparition, par variation brusque, sans intermédiaires, de nouveaux types constants, persistant à côté des types primitifs et naissant en même temps chez un grand nombre d’individus, la mutation répétée ayant d’ailleurs seule chance de jouer un rôle dans la nature.

Quelle place, dans cet ensemble, est faite à la variation sous l’influence du milieu? Aucune, et le botaniste hollandais rend compte très habilement de certains faits tendant à établir un tel mode de variation, comme les modifications obtenues par G. Bonnier chez les plantes alpines cultivées en plaine: il fait appel à la notion de variété dimorphe, de double variété coexistant dans une espèce. La Renouée amphibie a des feuilles aquatiques et des feuilles terrestres qui peuvent coexister sur un même pied; cultivée dans l’eau ou à terre, elle donnera à volonté un type ou l’autre. De même les plantes alpines et les plantes désertiques, aux confins de leur zone, ont présenté le dimorphisme ou ont péri au cours des variations d’extension de cette zone: toute plante alpine possède à l’état latent le type de plaine, et le type de plaine gardera à l’état latent le type alpin, qui devrait reparaître dès qu’on replacerait la plante à une certaine altitude. Il n’y a pas de variation acquise, ni dans un sens ni dans l’autre; il y a alternative des manifestations de deux types coexistant en réalité.