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note critiche 155


professeur hollandais rédigées en anglais par un américain souffre peut-être de ces multiples passages d’une pensée, déjà difficilement nette à cause de la complexité des questions, à travers plusieurs langues à terminologie scientifique incertaine.

Mais, quoiqu’il en soit, on peut dégager de l’ouvrage de De Vries les idées essentielles de sa théorie avec une assez grande netteté, et on n’aura pas à se plaindre en le lisant de l’effort nécessaire, car les faits que l’on apprendra sont souvent d’un très haut intérêt.

De Vries distingue plusieurs modes de variation souvent confondus, et en particulier il met tout à fait à part les «fluctuations», étudiées dans la dernière partie du livre. Ces variations, qui sont universelles, puisqu’il n’existe pas deux individus identiques, sont caractérisées par la loi binomiale de Quételet; elles se groupent autour d’un type moyen et se distribuent régulièrement autour de ce type par ordre de fréquence décroissante suivant une courbe en cloche. Par sélection artificielle, à partir d’individus pris parmi les extrêmes, on obtient des races dont le type moyen se déplace progressivement; mais, dès que l’on cesse la sélection, le retour s’effectue, en deux ou trois générations au maximum, au type primitif d’équilibre.

A côté de ces fluctuations, qui ne peuvent jamais servir de base à l’isolement d’un groupe stable, on note des variations ne suivant plus la loi de Quételet qui impliquent une modification considérable de tel ou tel caractère sans transitions, mais qui cependant, tout comme les fluctuations, ne sont pas stabilisables; c’est ce que De Vries appelle des variations «ever-sporting», des «sports», comme le trèfle à quatre ou cinq feuilles en est un exemple. Malgré une sélection continue, on ne peut obtenir une race stable présentant la variation à l’état pur sans retour au type normal; et d’autre part, malgré une sélection attentive, on ne peut obtenir non plus le type pur sans un certain pourcentage de la variation. La variation dans ce cas est essentiellement instable.

Mais il existe des variétés stables, d’après De Vries, et ce sont celles qui naissent par «mutation», comme naissent aussi les espèces véritables, les espèces élémentaires. Que sont donc les espèces élémentaires, et comment se différencient-elles des variétés?

L’espèce élémentaire de De Vries est celle-même de Jordan, ce botaniste qui, comme on le sait, décomposa certaines espèces linnéennes, telles que Draba verna, en un très grand nombre de «petites espèces», absolument constantes et invariables, les variations apparentes de l’espèce classique étant dues à la confusion de ces types stables.