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396 | ernesto babelon |
et nous, nous penserons avec philosophie, en envisageant notre histoire contemporaine, que si quelque chose a changé dans le monde depuis deux mille ans, ce n’est pas, à coup sur, le culte des ancêtres, même de ceux qu’on n’a pas.
Après Sylla et pendant tout l’empire, quelle incomparable galerie de portraits nous offrent les monnaies! Sans ces effigies, comment aurait-on pu donner des noms aux statues de nos musées? Et quant aux revers, ils constituent, par leur variété et leur précision chronologique, les archives officielles de l’histoire. Un règne comme celui d’Hadrien, par exemple, ne compte pas moins de 2,500 revers monétaires différents, qui se répartissent en 1,600 pièces latines et 900 pieces grecques. C’est donc une galerue de 2,500 tableaux en miniature qui déroulent à nos regards les événements du règne, nous initient à la vie publique de l’empereur; nous le font suivre, étape par étape, dans ses expéditions et ses nombreux voyages, complètent le récit des historiens, le rectifient au besoin, ou nous aident à le mieux comprendre.
Tout aussi bien que l’historie militaire, l’historie économique, administrative, juridique mème, trouve ici son compte de renseignements. Si Nerva rend moins tyrannique la perception de la taxe sur les Juifs, les monnaies nous l’apprennent par leur legende: Fisci Judaici calumnia sublata; s’il lève l’impôt sur le transit des marchandises en Italie: Vehiculatione Italiæ remissa, nous disent les monnaies; s’il crée un magasin de subsistances pour le peuple, des deniers sont frappés avec la legende: Plebei urbanæ frumento constituto. Antonin le Pieux fonde-t-il, en l’honneur da sa femme Faustine, une institution d’assistance publique: Puellæ Faustinianæ, portent des pièces qui représentent l’empereur et l’impératrice accueillant des familles d’indigents.
Ce serait, Messieurs, passer en revue les fastes de l’histoire romaine, année par année, que d’énumérer tous les revers monétaires; et combien d’entre eux sont encore inexpliqués et attendent de votre perspicacité leur interprétation scientifique!
Qui de vous, en sa qualité de membre d’une société savante, n’a eu à dechiffrer quelque bronze toute encrassé de rouille? Qui n’a eu à désillusionner quelque brave la-