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symboles, Apollon Lykios, le combat de Danaos et de Gelanor pour la domination du Péloponèse; la touchante histoire de Cléobis et Biton traìnant eux-mémes le chariot sur lequel leur pieuse mère est assise pour se rendre au temple d’Héra. En Arcadie, c’est Ulysse, arme d’un aviron, qui cherche l’homme mystérieux que lui a désigné Tirésias; à Syracuse, c’est la nymphe de la fontaine d’Ortygie qui a si divinement inspiré à la fois les poètes et les artistes graveurs des coins monétaires. A Neapolis, à Terina, à Tarente, ce sont les sirènes Parthenopé, Ligea et le jeune Taras sauvé par un dauphin. Vous citerai-je enfin, à une autre extrémité du monde grec, le géant Ascos à Damas, les Tables ambrosiennes à Tyr, les dieux syriens aux formes si étranges, au eulte si monstrueux?

N’est-il pas intéressant de retrouver en images, sur les monnaies d’une ville perdue de la Paphlagonie, Abonotheicos, le culte du serpent qu’un imposteur du IP siècle de notre ère, Alexandre, avait réussi, à l’aide de bons tours de magicien, à introniser dans cette contrée? Vous vous souvenez des persécutions sanglantes que les rois de Syrie, surtout Antiochus IV Epiphane, firent endurer aux Juifs réfractaires, et les déportations qui s’ensuivirent. Des familles juives furent ainsi transplantées jusqu’à Apamée en Phrygie; elles finirent par s’accommoder de cet exil où elles prospérèrent tant et si bien, que trois cents ans plus tard, au temps de Septime Sevère, elles y avaient acclimaté les traditions bibliques elles-mèmes: on racontait que l’arche de Noé s’était arrêtée au plus haut sommet des montagnes voisines, et, pour que personne n’en pût douter, des monnaies furent alors frappées, sur lesquelles on voit Noé et sa femme dans l’arche, et donnant à la colombe son libre essor.

A peu près tout ce que nous savons des tribus de la Macédoine et de la Thrace avant Philippe — les Bisaltes, les Edones, les Odomantes, les Odryses, les Paeoniens — nous est révélé par leurs grandes et curieuses monnaies, d’un art si rude, si vigoureux, si expressif. Ailleurs, c’est le nom d’un fleuve, comme le Rheon, à Hipponium, ou celui d’un port, comme le Lacydon à Marseille, qui nous sont révélés, ou bien c’est le nom même d’une ville et de son