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de l'utilité scientifique des collections, ecc. 387

l’humanité. Voilà la raison de la présence de ces témoins, de ces pièces à conviction dans nos musées; voilà pourquoi nous recherchons aujourd’hui la modeste drachme qui circulait de main en main sur l’agora, le moindre denier qu’on échangeait sur le forum ou dans les camps, — comme un document authentique, contemporain, le seul témoin, parfois, qui nous serve à préserver un événement historique de la profanation de l’oubli.

Nos monnaies modernes sont fixées pour une longue période d’années dans des types de convention qui ne changent guère; les mêmes emblèmes et les mêmes légendes se perpétuent aussi longtemps que dure un régime politique: on modifie seulement la date et les différents monétaires.

Tout autres étaient les usages de l’antiquité qui, presque partout, a fait de sa monnaie non seulement un instrument pour les échanges, mais en même temps une médaille commémorative destinée à fixer dans la mémoire des peuples le souvenir des événements heureux de leurs annales. De là, dans les coins monétaires, des changements incessants, une prodigieuse variété de types qui s’accroît encore par la multiplicité des ateliers et par l’imperfection matérielle de l’outillage qui ne permettait pas de frapper un grand nombre de pièces avec les mêmes matrices.

Pour le monde grec seulement, nous connaissons présentement cinq à six cents rois ou dynastes, et près de 1,400 villes qui ont frappé monnaie dans ces conditions d’inépuisable fécondité et de renouvellement continu, et les produits d’un grand nombre de ces ateliers s’échelonnent chronologiquement depuis le VIIe siècle avant notre ère jusqu’au IIIe siècle après Jésus-Christ.

A Rome, la diversité des types monétaires est non moins grande et non moins instructive. Plus de dix mille symboles différents ont été relevés sur les deniers que le triumvir monétaire Lucius Calpurnius Piso fit frapper dans une seule année, en 89 avant notre ère, et ses deux collègues dans les mêmes fonctions n’ont pas fait graver un moins grand nombre de coins. Il fallait la coopération d’une véritable armée d’ouvriers pour monnayer les espèces nécessaires à la circulation générale; à tel point qu’un jour, sous le règne