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particulière de Böhm-Bawerk sur l’intérêt. Ces théories ne sont pas, à mon avis, sans appeler des réserves. Pour ce qui est de la théorie de la valeur, il est permis de se demander si l’idée de la valeur d’usage ou valeur subjective — de cette valeur qui serait égale à l’utilité marginale des biens multipliée par la quantité possédée — , si cette idée, qui tient dans cette théorie une si grande place, correspond à autre chose qu’à une certaine illusion où nous pouvons incliner plus ou moins; il est permis de trouver, tout au moins, que l’on peut très bien se passer de cette notion pour expliquer — je veux dire pour expliquer à la manière des Autrichiens — la valeur d’échange, la détermination des prix. La théorie de Böhm-Bawerk sur l’intérêt me paraît plus critiquable encore. Elle contient à peu près tous les éléments de la solution du problème, et par la elle représente un progrès très important par rapport aux théories antérieurement émises sur la même question. Elle ne contient pas, cependant, tous les éléments de la solution, et elle n’enchaîne pas d’une façon satisfaisante ceux qu’elle contient.

Ce n’est le lieu, toutefois, de discuter à fond les théories exposées ci-dessus1. Si j’ai résumé ces théories, ç’a été surtout pour illustrer les conceptions que les économistes autrichiens se sont faites sur l’objet et la méthode de l’économique. Ce sont ces conceptions qu’il s’agit ici d’apprécier. Pour cela, j’examinerai successivement les conceptions des trois écoles auxquelles l’école autrichienne s’oppose, à savoir de l’historisme pur, de l’école inductive et de l’école classique.

1. L’historisme. — L’historisme pur n’a peut-être été professé par aucun économiste; mais beaucoup d’économistes l’ont pratiqué, en ce sens qu’ils se sont consacrés exclusivement à l’étude des faits économiques passés et présents, je veux dire des faits économiques complexes. Quelle importance y a-t-il lieu de reconnaître à une telle étude?

Si nous élargissons la question que je viens de poser, si nous considérons, non point l’économique en particulier, mais l’ensemble des branches de la recherche, nous trouverons que l’étude historique — c’est-à-dire la constatation des faits, et spécialement des faits complexes — est utile ou intéressante à plusieurs titres.


  1. Sur la théorie de l’intérêt, voir mon livre L’intérêt du capital, (Paris, Giard et Brière, 1904).