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pas sans présenter beaucoup de difficultés. La question de l’intérêt du capital est particulièrement épineuse; et c’est pourquoi ceux des économistes autrichiens qui s’en sont occupés sont arrivés à des conception sensiblement divergentes. Je ne m’attacherai qu’à celles de Böhm-Bawerk, qui méritent le plus d’être connues.

D’après Böhm-Bawerk, l’intérêt du capital a son explication dans la préférence que les hommes accordent aux biens présents sur les biens futurs. Cette préférence, à son tour, vient de trois causes.

1° Il faut considérer, tout d’abord, les variations qui ont lieu pour chaque individu, d’une période à l’autre, dans le rapport des ressources et des besoins. Il est des gens pour qui ce rapport est destiné à devenir moins bon: ceux-là par exemple qui ont en perspective un accroissement de leurs charges de famille, ou qui savent que tel de leurs revenus s’éteindra. Mais ces gens ne seront pas conduits par là à préférer les biens futurs aux biens présents: ils n’ont qu’à conserver les biens qu’ils possèdent dans le présent, à mettre de l’argent de côté. D’autres gens se trouvent aux prises avec des difficultés momentanées; ou bien ils s’attendent à un accroissement de leurs revenus: ces gens-là préféreront les biens présents aux biens futurs, ils seront disposés à promettre, si on leur donne 1.000 francs aujourd’hui, de rendre 1.050 francs, ou davantage, dans un an.
2° La plupart des hommes font subir systématiquement une dépréciation aux biens futurs, quand il s’agit de les estimer. Notre imagination en effet nous représente avec moins de vivacité l’utilité des biens dont nous 11e jouirons que plus tard; notre volonté est sujette à des défaillances quand il faut pourvoir à des besoins futurs; et enfin nous savons que nous sommes mortels, sans d’ailleurs connaître la date où nous mourrons. Ces divers facteurs, au reste, agissent plus ou moins chez les différents individus, en sorte que la dépréciation systématique des biens futurs apparaît comme quelque chose de très variable.
3° Les biens présents nous sont plus utiles que les futurs, quand nous devons les employer productivement. C’est une loi en effet que l’on peut, en investissant les moyens productifs — les capitaux, comme l’on dit — dans des processus productifs de plus en plus longs, augmenter toujours