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nant d’autres biens, ou de l’argent — , le riche sera en mesure de donner beaucoup plus que le pauvre pour se procurer la même utilité, voire pour se procurer une utilité moindre: le riche pourra payer plus cher que le pauvre — et il sera disposé à le faire, il le fera effectivement — un objet qui serait nécessaire à l’autre, et dont la possession pour lui ne représentera que la satisfaction d’un caprice. Il faut distinguer entre la valeur et l’estimation de la valeur1: l’estimation de la valeur se fait en rapportant la valeur des biens à tel ou tel bien — l’argent par exemple — considéré dans sa quantité.

J’ai parlé, jusqu’à présent, des biens en général. Il y a deux catégories de biens dont il importe de s’occuper d’une manière spéciale: les biens complémentaires et les bien productifs.

Les Autrichiens disent que des biens sont complémentaires quand il faut les réunir ensemble pour qu’ils nous soient utiles, ou pour qu’ils aient toute leur utilité: qu’on pense au papier, à la plume et à l’encre, au cheval et à la voiture, au gant droit et au gant gauche, etc. Comment se mesure la valeur de ces biens? Pour ce qui est des groupes qu’ils forment, la question ne présente aucune difficulté: chaque groupe de biens complémentaires a sa valeur mesurée par son utilité. Mais que dire des membres qui composent les groupes en question? Ici, il est nécessaire d’introduire des distinctions.

Supposons premièrement que les éléments qui composent nos groupes ne puissent pas, en cas de perte, être remplacés. Si ces éléments n’ont point d’autre utilité que celle qu’ils présentent en tant que biens complémentaires, la valeur de chacun d’eux sera égale à la valeur du groupe: ou encore si on le prend d’une autre façon — cette valeur sera nulle. Un soulier vaut autant que la paire dont il fait partie; et à un autre point de vue — où il est préférable peut-être de se placer — , il ne vaut rien absolument, s’il est seul.

Si les biens complémentaires, maintenant, ont une utilité même isolés, leur valeur ne pourra pas être regardée comme nulle; elle ne descendra pas au-dessous de cette utilité qu’ils offrent quand on les prend séparément.

Reste le cas des biens complémentaires qui peuvent être remplacés. De ceux-là, ce qu’il est nécessaire de dire, c’est

  1. En allemand, Werth et Werthschätzung.