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252 | rivista di scienza |
charge électrique débarrassée de toute matière, et chercher quelles seraient ses propriétés; mais cette notion correspond-elle à une réalité? Peut-on réellement dissocier les charges électriques de la matière? Pendant longtemps, on aurait pu en douter. On sait aujourd’hui, d’une façon certaine, que cela est possible. Dans les gaz très raréfiés, la décharge électrique prend des formes très remarquables; elle peut, en particulier, donner naissance à des rayons, dont les propriétés très singulières ont été étudiées d’abord par Hittorf, qui leur donne le nom de rayons cathodiques. Bien des hypothèses ont été successivement faites sur leur nature. Crookes, à la suite d’une série d’expériences très remarquables, énonça à leur sujet une série d’hypothèses hardies, singulier mélange de vérités et d’erreurs, dans lesquelles se trouvait cette proposition exacte et capitale: les rayons cathodiques sont les trajectoires de projectiles lancès avec une grande vitesse. Il se méprit, et bien d’autres après lui, sur la nature de ces projectiles. On peut considérer aujourd’hui que ces projectiles — auxquels on peut donner des vitesses plus ou moins grandes — sont des charges électriques négatives, sans aucun support matériel d’aucune sorte, et dont les propriétés sont indépendantes du résidu gazeux qu’elles traversent.
Tout indique que ces charges négatives sont séparées en individus distincts, dont le nombre, très grand, est fini; en d’autres termes, qu’elles ont une constitution granulaire, ou, si l’on veut, atomique. On peut aujourd’hui obtenir de bien des manières les charges électriques séparées de la matière; le grain d’électricité négative semble toujours identique à lui-même avoir toujours la même charge. On lui a donné le nom d’électron négatif. Il n’est pas utile d’essayer de se le représenter comme quelque chose de matériel (c’est lui, au contraire, qui va nous servir à expliquer les propriétés de la matière). C’est un point de convergence des lignes de force, un point singulier dans les propriétés de l’espace. Il est bien remarquable que tous ces points singuliers soient identiques entre eux.
Convaincus maintenant de l’existence des charges électriques, il nous est possible de prévoir, et d’expliquer, les propriétés de ces charges, en prenant comme point de départ ce que nous savons sur les propriétés de l’espace vide au point de vue électromagnétique. Les mêmes raisonnements