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la fonction du sommeil 155


Je suppose donc que le sommeil a une action restauratrice spécifique, qui proviendrait de ce que l’énergie nerveuse rendue disponible par le relâchement de la tension mentale, tension qui est indispensable à la fonction d’adaptation à la situation présente, est utilisée par l’organisme pour les besoins de la restauration, de la réassimilation, du trophisme des tissus. Dans le sommeil, la tension mentale serait remplacée par une tension végétative. Je reconnais que c’est là une pure hypothèse, mais cette hypothèse est légitime puisqu’elle rend compte de faits certains, sans contredire aucun des autres faits du sommeil, et au contraire en s’harmonisant avec eux. Elle rend compte aussi du grand besoin de dormir des enfants et des jeunes animaux: c’est comme si la croissance exigeait une tension végétative ne pouvant être exercée lorsque l’état de veille accapare l’énergie nerveuse pour l’adaptation mentale.

Salmon est le seul auteur, à ma connaissance, qui ait envisagé nettement cette action réparatrice du sommeil, et qui ait cherché à en donner une explication adéquate. Il suppose, comme on l’a dit plus haut, que la glande pituitaire sécrète une substance neutralisatrice des toxiques du sang. Cette substance serait en même temps somnifère, et c’est ce qui expliquerait que la neutralisation de ces toxiques soit accompagnée de sommeil. J’avais objecté à Salmon que son hypothèse était simplement une hypothèse de mécanisme, et qu’elle n’expliquait pas pourquoi le sommeil apparaissait à tel moment, et sous telles conditions, etc. A quoi Salmon m’a répondu1 que son hypothèse pouvait fort bien s’accorder avec ma théorie biologique: «les stimuli psychiques pourraient exciter ou déprimer la sécrétion pituitaire ainsi qu’ils modifient la sécrétion gastrique, testiculaire, salivaire etc.» — Je n’ai rien contre l’intervention d’une sécrétion interne pendant le sommeil. Mais il est évident que l’hypothèse d’une telle sécrétion n’explique pas tout; elle n’explique pas même le.... sommeil lui-même, c’est-à-dire l’inertie qui caractérise cet état. Dire que cette sécrétion pituitaire a aussi une «vertu dormitive», c’est résoudre la question par la question! Pourquoi a-t-elle aussi cette propriété hypnotique? C’est ce qu’on se demande. Et la

  1. Salmon - L’origine du sommeil et l’hypophyse. Arch. de Psychol., IV, p. 159.