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la fonction du sommeil 153


prend le pas sur les autres», ou «A chaque instant un organisme agit suivant la ligne de son plus grand intérêt». — Il m’est impossible de m’arrêter ici sur la conception scientifique de l’instinct, et sur les caractères (globalité, souplesse, plasticité, possibilité de stimuli secondaires, etc.) qui le distinguent du simple réflexe1.

En résumé, le sommeil n’est pas un état purement négatif, passif, il n’est pas la conséquence d’un simple arrêt de fonctionnement; il est une fonction active, d’ordre réflexe, un instinct, qui a pour but cet arrêt de fonctionnement. Ce n’est pas parce que nous sommes intoxiqués ou épuisés que nous dormons, mais nous dormons pour ne pas l’être.

3. Quel est le mécanisme du sommeil? — Ici, nous entrons dans les hypothèses dès que nous cherchons à préciser le côté physiologique, nerveux, de ce mécanisme.
a) Commençons par le mécanisme déclencheur. Le sommeil est de nature réflexe. Quels sont les stimuli de ce réflexe? L’observation nous montre qu’ils peuvent être nombreux. Le sommeil peut être induit par des impressions de fatigue, par l’obscurité, par la station couchée, par la vue du lieu où l’on a coutume de dormir, par l’idée du sommeil, etc. Il est probable que pour le sommeil normal, l’action de ces stimuli est favorisée par une disposition interne, qui consiste en une certaine usure ou fatigue nerveuse, ou une certaine intoxication sanguine. Ceci nous permet d’expliquer à la fois le rôle certain que joue la fatigue dans l’éclosion du sommeil, et la non-inéluctabilité de ce facteur, qui agit comme excitant médiat, et non comme paralysant immédiat.

Quant à savoir sur quelles portions cérébrales agissent, en fin de compte, ces divers excitants, c’est ce que nous ignorons. Nous ne savons pas davantage s’il existe un centre plus ou moins localisé recueillant ces diverses impressions.

b) Le mécanisme constitutif du sommeil est plus difficile à démêler. On peut l’envisager au point de vue psychologique et au point de vue physiologique.

Psychologiquement le sommeil est — ceci n’est pas une hypothèse, mais une simple description — un état de désintérêt pour la situation présente, de distraction totale. L’individu qui dort ne s’adapte plus à ce qui l’entoure; ou du moins il

  1. Voir sur cette question mon Esquisse déjà citée, p. 278 et suiv.