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Mais cette activité demeurerait stérile si, à mesure qu’elle se développe, l’on ne s’occupait pas de donner une signification précise aux termes que l’on emploie. Nous avons vu quels dégats l’omission de cette précaution a causé en économie politique; ils sont, et peuvent être à l’avenir, encore plus considérables en sociologie.

Tant que nous raisonnons par association d’idées, en faisant appel au sentiment; et même tant que, raisonnant plus ou moins scientifiquement, nous puisons nos matériaux dans l’expérience accumulée et exprimée par le langage vulgaire, nous pouvons nous contenter de faire usage de termes vagues et indéterminés, tels que ceux de: morale, religion, droit, etc. Mais quand nous voudrons raisonner exclusivement d’une manière scientifique, en puisant directement nos renseignements dans l’observation des faits, il nous faudra déterminer à quels faits correspondent rigoureusement ces termes, ou d’autres que nous leur substituerons1.

Gardons-nous bien de rechercher, par exemple, ce que c’est que la morale, et encore moins ce qu’elle doit être; ce sont là des recherches oiseuses. Nous pouvons rechercher ce que certains hommes, en un espace et en un temps donnés, ont entendu par ce terme: morale; et nous reconnaîtrons tout d’abord le vague et le manque absolue de précision de cette conception. Ayant séparés des autres faits sociaux, les faits qui correspondent grosso modo aux faits moraux, et ayant, pour raisonner scientifiquement, fait une nouvelle séparation, au moyen d’une définition rigoureuse, nous pouvons rechercher quelle est la mutuelle dépendance de cette catégorie de faits avec les autres catégories de faits sociaux. Enfin, quand nous aurons ainsi acquis la connaissance des uniformités (lois) que présentent des rapports de ce genre, nous pourrons nous poser un problème fort intéressant, mais aussi fort difficile, et nous demander: «Quels sont les effets sur les autre faits sociaux d’une modification déterminée apportée à une catégorie de ces faits?»

  1. Federigo Enriques - Problemi della scienza, p. 174: «Nella scienza questa mancanza di determinazione dei dati fondamentali non può essere tollerata, o almeno non può esserlo al di là di un certo segno, che dà la misura del rigore pratico, da fissarsi, con cauto giudizio, in relazione agli errori dell’osservazione e dell’esperienza».