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la mécanique classique 15


son état actuel, ou d’une manière plus générale (si on regarde les forces comme pouvant aussi dépendre des vitesses) que cet avenir dépend de l’état actuel et de l’état infiniment voisin qui précède. C’est une hypothèse restrictive et que, en apparence au moins, bien des faits contredisent. Les exemples sont nombreux, où l’avenir d’un système semble dépendre des états antérieurs: il y a hérédité. Dans des cas aussi complexes, ou se dit qu’il faudra peut-être abandonner les équations différentielles et envisager des équations fonctionnelles, où figureront des intégrales prises depuis un temps très lointain jusqu’au temps actuel, intégrales qui seront la part de cette hérédité. Les tenants de la Mécanique classique pourront cependant prétendre que l’hérédité n’est qu’apparente, et qu’elle tient à ce que nous portons notre attention sur un trop petit nombre de variables. Il en sera ici comme il en était plus haut, mais dans des conditions plus complexes encore.

On voit assez, par ce qui précède, les difficultés que présente la notion d’explication mécanique des phénomènes naturels. Il est nécessaire de les constater, car avant tout le savant ne doit pas se laisser abuser par les mots. Mais il n’y a pas là matière à découragement. Bien au contraire. Il est vraiment extraordinaire que, au milieu de la complexité des apparences, l’homme aît pu, servi par d’heureux hasards dont nous avons signalé quelques uns chemin faisant, arriver à débrouiller, superficiellement au moins, un tel cahos. Le passé répond de l’avenir. Après les premières approximations en viendront d’autres d’ordre plus élevé nous rapprochant du but idéal, dont l’homme de science a le sentiment, et auquel il croit sans pouvoir d’ailleurs le définir avec précision.

Paris.