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les liquides cristallisés 235

En lumière polarisée, si la goutte est très petite, elle montre une croix noire dont le centre coïncide avec le pôle de l’axe de symétrie, dont les bras sont situés dans les plans de vibration de l’analyseur et du polariseur, et les quadrants présentent les teintes dues à la polarisation chromatique. Mais il en est tout autrement si la goutte est épaisse: la croix devient rouge ou verte et en faisant tourner l’analyseur on peut l’amener à être noire; ce qui démontre l’existence du pouvoir rotatoire suivant l’axe de la goutte. D’autre part, si l’on place une de ces gouttes dans un champ magnétique, elle tourne de façon que son axe soit parallèle aux lignes de force; on assiste donc à un phénomène analogue à celui qui a été bien des fois constaté pour les cristaux en suspension dans un liquide. Mais ce qui est plus intéressant c’est que si la goutte ne peut tourner sur elle même, les éléments constituants changent d’orientation, comme on le constate optiquement, de façon que le nouvel axe de symétrie soit parallèle aux lignes de forces. Dès que l’action cesse de se faire sentir, les éléments reprennent leur première orientation. Le phénomène serait donc identique à celui que l’on admet depuis longtemps dans le fer sous l’influence d’un champ magnétique.

Un autre phénomène aussi curieux consiste dans la rotation des gouttes sous l’influence des différences de température. Si l’on chauffe la face inférieure de la préparation de façon à établir une différence de température entre la face inférieure et la face supérieure, on voit les gouttes tourner sur elles mêmes, avee une vitesse d’autant plus grande que la différence de température est plus prononcée. Mais comme les parties superficielles tournent plus vite que les parties profondes, les phénomènes optiques sont fortement modifiés: la croix noire, vue en lumière polarisée, devient une double spirale.

Quelle que soit la cause de cette rotation, il est intéressant de remarquer que l’on se trouve en présence d’un champ Laplacien, puisque le déplacement s’effectue dans une direction perpendiculaire aux lignes de force, c’est à dire dans le cas présent, au flux calorifique.

Ces gouttes anisotropes jouissent, comme on le voit, d’un ensemble de propriété qui les distinguent nettement des corps cristallisés; elles présentent une structure spéciale, résultant de la combinaison des actions entre particules et des tensions