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148 | rivista di scienza |
Dans un premier chapitre, M. Duhem oppose les théories explicatives aux théories représentatives. Les premières sont subordonnées aux systèmes métaphysiques dont elles font partie, et caduques comme ces systèmes eux-mêmes. Les secondes sont des théories abstraites «qui ont pour but de résumer et de classer logiquement un ensemble de lois expérimentales, sans prétendre expliquer ces lois (p. 5). C’est parmi les théories de ce type que l’on doit ranger les théories physiques. Toute théorie physique passe, d’après M. Duhem, par les stades suivants: En premier lieu, le savant choisit un certain nombre de propriétés physiques simples qui lui serviront de définitions et d’axiomes. Puis il combine ensemble ces définitions et ces axiomes suivant les règles de l’Analyse mathématique. Enfin il traduit les résultats obtenus en un certain nombre de jugements susceptibles d’être confrontés avec l’expérience (p. 27).
La théorie ainsi conçue est «une économie de la pensée». C’est en même temps une classification naturelle. — Qu’en savez-vous? demandera-t-on à M. Duhem. — M. Duhem n’en sait rien: mais il en est fermement convaincu. «Le savant, dit-il, a beau se pénétrer de cette idée que ses théories n’ont aucun pouvoir pour saisir la réalité...., il ne peut se forcer a croire qu’un système capable d’ordonner si simplement et si aisément un nombre immense de lois, de prime abord si disparates, soit un système purement artificiel; par une intuition où Pascal eût reconnu une de ces raison du cœur «que la raison ne commit pas» il affirme sa foi en un ordre réel dont ses théories sont une image, de jour en jour plus claire et plus fidèle» (p. 38).
Ainsi esquissée à larges traits, la doctrine de M. Duhem ne diffère pas beaucoup de celles qui sont communément admises par les philosophes contemporains. Ce qui en fait l’originalité, c’est l’importance prépondérante que M. Duhem attribue au calcul mathématique dans le développement de la Physique.
En effet, d’après M. Duhem, les découvertes physiques ne sauraient être regardées comme des résultats de l’expérimentation. La théorie doit être édifiée par des moyens purement logiques, et ce n’est qu’après coup que l’on est autorisé à la confronter avec l’expérience. Le seul contrôle expérimental de la théorie physique qui ne soit pas illogique consiste à comparer, le système entier de la théorie physique à tout l’ensemble des lois expérimentales et à apprécier si celui-ci est représenté par celui-là d’une manière satisfaisante» (p. 328). C’est qu’en effet la théorie est un bloc formé de parties indissolublement liées les unes aux autres: quand on cherche à vérifier une première loi par une expérience de laboratoire, on est obligé (ne serait-ce que parce qu’on se sert d’instruments) de s’appuyer sur un grand nombre d’autres lois non