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questions pédagogiques | 135 |
pour les mathématiques! Le pauvre homme pensait sans doute à quelque amusette de géométrie ou d’algèbre, qu’il faudrait sacrifier, pour avoir le temps d’expliquer comment les planètes se meuvent autour du Soleil.
Le grand bénéfice de l’étude des sciences expérimentales, c’est d’habituer notre esprit à l’idée de l’enchaînement des phénomènes, de nous apprendre à connaître cet enchaînement, à mettre dans l’infinie diversité des choses, un peu de cet ordre et de cette unité qui satisfont notre esprit: l’Univers ne nous apparait plus comme un ensemble d’activités désordonnées et inintelligibles. Mais le maître qui enseigne les sciences doit aussi montrer le parti que nous en tirons et la domination sur la matière qu’elles nous apportent peu à peu: leurs applications sont si nombreuses et si importantes qu’on ne pourra plus comprendre les sociétés civilisées si l’on ne connait pas ces applications. Le dernier siècle a vu un prodigieux développement de l’industrie; il a vu la médecine devenir scientifique; le présent siècle verra peut-être une transformation aussi profonde dans l’agriculture. La science pénétrera tous les métiers.
Si le maître ne perd pas de vue le double but, philosophique et pratique, vers lequel il doit se diriger, un solide enseignement élémentaire des sciences est possible. Il n’a point le temps de s’arrêter aux curiosités et aux détails, c’est entendu; mais il faut en outre qu’il se résigne à ne pas tout enseigner; si même il a su éveiller chez quelques uns de ses élèves la curiosité scientifique, le goût de la connaissance pour elle-même, qu’il laisse inassouvie la faim qu’il a provoquée.
Malgré toute la sagesse et le tact du maître, cet enseignement sera envahissant, il le sera de plus en plus: se le dissimuler serait puéril. J’ai insisté plus haut sur l’impérieuse nécessité de laisser une place à l’histoire, aux lettres, aux arts; je voudrais dire un mot de l’enseignement moral. Il y a là des questions très graves, auxquelles il faut que les jeunes maîtres réfléchissent, afin de les résoudre partiellement, suivant la mesure de leurs forces.
Un enseignement séparé de la morale, si excellent qu’il soit, n’est pas suffisant. Parler du devoir et de la vertu est bien, mais ne suffit pas à faire aimer l’un et l’autre. Pour rendre la morale attrayante, il ne suffit pas de l’affirmer en