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la science, en même temps qu’elle s’accroît d’un côté, se simplifie de l’autre. Les inventeurs arrivent à la vérité comme ils peuvent, ils se frayent une route pénible à travers les broussailles; eux-mêmes, plus tard, ou d’autres qui les ont suivis à la trace, découvrent le bon chemin, la route facile. Mais quel scandale de voir que la notion de dérivée, par exemple, commence seulement, et dans quelques’ pays, à pénétrer dans l’enseignement élémentaire! Deux siècles trop tard.
La cause du mal est toujours la même: chaque partie de la science est enseignée comme si elle était un but: elle n’est qu’un moyen pour aller plus loin. Il faut s’y arrêter assez longtemps pour que l’élève soit maître de ce qu’on lui a enseigné, pour qu’il le comprenne vraîment et soit capable de l’appliquer. Qu’on y revienne plusieurs fois, cela est nécessaire pour fixer les choses dans l’esprit; qu’on multiplie les exercices; qu’on les enjolive parfois, cela est excellent; il faut piquer la curiosité des enfants et commencer de leur faire goûter la joie de la recherche. Mais qu’on n’oublie jamais quc l’intérêt essentiel des exercices est dans l’intelligence et l’habitude de la théorie. Qu’on ne s’arrête pas, quand il y en a de faciles, à des méthodes inutiles, en vue de problèmes inutiles.
La subordination de chaque partie de la science à ce qui doit suivre, voilà ce que les maîtres devraient avoir toujours devant les yeux, voilà pourquoi on les veut beaucoup plus savants qu’il n’est strictement nécessaire, s’ils devaient penser seulement à ce qu’ils enseignent. Je sais bien qu’il leur faut penser aussi aux examens et aux concours, que subiront leurs élèves, mais c’est, là un mal dont je ne veux pas parler ici.
Outre cette subordination, les maîtres doivent avoir en vue l’intelligence du monde extérieur, en tant qu’elle est possible. L’enseignement des sciences doit regarder la réalité. Il ne faut pas croire que cette affirmation soit un simple truïsme, dont tout le monde est convaincu. J’ai vu jadis une commission de maîtres expérimentés, chargée de préparer une revision des programmes de mathématiques, apporter un projet d’où la cosmographie était exclue, j’ai entendu les regrets d’un de ses membres, apprenant qu’on avait rejeté cette proposition, je l’ai entendu s’écrier: c’est autant de perdu