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tout est inintelligible et les plus nobles facultés risquent de ne pas se développer. II faut connaître le milieu terrestre, les groupement actuels, les conditions de la vie. Les peuples ne sont pas isolés; ils se mêlent de plus en plus; leurs intérêts se confondent ou se contrarient: on ne connaît un peuple, on ne peut entrer en communication avec les individus qui le composent, profiter soi-même de ce qu’il est et de ce qu’il sait, sans savoir sa langue. Il faut connaître le milieu universel où nous sommes plongés, dont nous sommes une partie, pour avoir quelque idée de l’ensemble, quelque « théorie de l’Univers », et pour maîtriser ce qui nous entoure. Les sciences de la nature sont toutes jeunes; elles s’accroissent merveilleusement; leurs résultats modifient peu à peu notre façon de penser. Que sera-ce dans quelques siècles? Leurs applications changent continuellement les conditions de l’existence; leurs conséquences économiques sont incalculables. Ceux qui touchent au soir de leur vie, qui jettent un regard en arrière, qui repassent, en quelque sorte, le demi-siècle pendant lequel ils ont pu observer, sont presque effrayés des transformations de toute sorte qu’ils ont vu s’accomplir sous leurs yeux. Il faut savoir les sciences de la nature; cela est impossible, si l’on ne sait point les mathématiques. Il faut accepter le rude apprentissage de ces dernières, leurs abstractions, leurs formules.
Tout, cela, en huit ou neuf ans. Et ce qui est nécessaire aujourd’hui, n’est rien devant ce qui sera nécessaire pour nos fils ou nos petits-fils. Le mouvement scientifique continuera de s’accélérer, les faits acquis s’accumuleront. Les changements deviendront plus rapides. La concurrence industrielle et commerciale rend impossible tout régime permanent; il faut que l’industrie et le commerce se renouvellent continuellement et profitent, pour se renouveler, de chaque progrès scientifique. Ceux qui ne sauront pas se nourrir de ces progrès, sont destinés à mourir.
Dans cette transformation incessante, qui résulte du mouvement scientifique, l’enseignement doit changer, s’adapter aux changements passés, préparer les changements futurs. C’est une folie que de le vouloir stable. Les corps enseignants, (surtout dans l’enseignement secondaire) sont volontiers conservateurs: et cela est naturel; les maîtres ont, pour la plupart, les yeux fixés sur ce qu’ils enseignent plutôt que sur ce qu’ils devraient enseigner et sur ce que leurs élèves auront besoin