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128 | rivista di scienza |
tures anciennes, du latin et du grec. Ils vantent les études désintéressées, et la distinction d’esprit qu’elles confèrent. Former des hommes cultivés, agréables à eux-mêmes et à ceux qui les entourent, former des honnètes gens, comme on disait jadis, tel est, dit-on, le but de l’enseignement secondaire: je n’y vois pas autant de désintéressement qu’on le prétend, et il n’est pas nouveau de dire que la distinction des manières et de l’esprit est utile à ceux qui la possèdent: elle attire les autres vers eux, elle rend l’autorité plus aisée, les conseils plus persuasifs; elle aide les gens à se pousser dans le monde, et même à se bien marier. On a fait, en France, il y a quelques années, une enquête auprès des professeurs des Facultés de médecine pour savoir s’il fallait, exiger des étudiants, comme par le passé, la preuve d’une éducation classique; dans l’une des Facultés, ou répondit que cette exigence continuerait d’être nécessaire, tant que l’opinion attribuerait une supériorité sociale à ceux qui ont appris les langues anciennes. Cette réponse était la bonne; d’avoir appris le latin, cela ne sert pas au médecin pour guérir les malades, mais lui procure plus de clients et de plus riches. Dèjà, Hippocrate lui recommandait de bien s’habiller.
Parce qu’elles sont utiles, ni la distinction, ni l’éducation classique ne sont méprisables; n’est-ce rien que l’agrément dos relations, et faut-il n’attacher aucun prix an souvenir de tant d’œuvres vraiment belles qui ont enchanté notre jeunesse, qui ont affiné notre goût, qui nous réconfortent par leur beauté morale? Mais il n’est pas vrai que le désintéressement soit le privilège des études classiques. Au reste, l’étude de ce qui est utile, même grossièrement utile, peut fort bien être désintéressée, si l’on se propose d’être utile aux autres.
On dit souvent que l’enseignement secondaire n’a pas son but en lui-même, que ce but est d’apprendre à apprendre, qu’il doit fournir surtout les outils nécessaires aux études ultérieures. Il y a là quelque vérité, au moins pour ceux qui passeront par l’Université. Dans cette doctrine, poussée à l’extrème, la matière principale de l’enseignement se réduit aux langues anciennes et modernes, et aux mathématiques: les unes et les autres sont d’admirables et d’indispensables outils; on ne commence guère l’étude d’une langue, ou des mathématiques, lorsqu’on n’est plus jeune; cette étude rebute; d’autant qu’on veut aller trop vite, arriver trop vite à ce