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p. 325: «l’ignorance n’est pas quelque chose de négatif, une absence, un manque, tout comme la liberté n’est pas un défaut et une négation, mais une affirmation d’une valeur immense. L’innocence ne veut pas de la connaissance, elle est au-dessus de celle-ci (je rappelle de nouveau le “survoler la connaissance” de Plotin), tout comme est au-dessus de la connaissance la volonté de Celui qui créa l’homme à son image».

p. 328-29: «Et en effet, si la liberté est la liberté de choisir entre le bien et le mal, alors cette liberté devrait être également inhérente au Créateur en tant qu’Etre libre par excellence. Par conséquent, il serait parfaitement admissible de supposer que le Créateur ayant le choix entre le bien et le mal, eut pu choisir le mal. Cette question fut un véritable crux interpretum pour la pensée philosophique médiévale. On ne pouvait renoncer à l’idée que la liberté fût la liberté de choisir entre le bien et le mal: le moyen âge, captivé par la spéculation grecque, ne parvenait pas à séparer le point de vue religieux du point de vue éthique (et n’osait pas les séparer). On ne pouvait admettre, d’autre part, que Dieu “eût le droit” de préférer le mal au bien».

(Duns Scoto) «Dieu est l’arbitraire: aucun principe, aucune loi ne dominent Dieu. Ce qu’Il accepte est le bien. Ce qu’Il repousse est le mal». «Ce qu’Il aime est le bien, ce qu’Il n’aime pas est le mal» (Eutifrone).

p. 332: «En face de Dieu toute nécessité dévoile son essence réelle et se révèle comme étant un Néant privé de tout contenu».

p. 342: «car en dernier ressort la vérité se trouve obligée de recourir à la torture, à la violence. Dieu... ne contraint personne».

p. 343: «Il fallait que Kierkegaard parvint à cette monstrueuse idée que l’amour de Dieu est soumis à son immuabilité, que Dieu est lié et ne peut bouger, qu’à Dieu, tout comme à nous, une “écharde avait été mise dans la chair”, autrement dit, que les tortures dont la vérité écrase les hommes existent pour Dieu aussi, il fallait tout cela pour qu’il osât opposer la philosophie existentielle à la philosophie spéculative, pourqu’il eût le courage de se demander comment la vérité avait réussi à dominer Dieu et pour distinguer dans cette monstrueuse invention de la raison ce dont elle témoigne en réalité — la chute de l’homme et le péché originel».

p. 345: «Toute la théodicée, c’est-à-dire la “justification de Dieu”, est basée sur ce fait qu’il n’est pas donné à Dieu de sur-