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documenti parlamentari


Le 17 avril suivant, le méme Conseil fixa à huit roues la quantité d’eau à verser dans le canal, et proposa l’accepfation de l’offre faite par monsieur Carbonazzi de se charger, comme entrepreneur, de l’exécation du barrage et du canal pour la somme de 138,000 franes. Une convention fut passée en cette conformité le 14 mai. Les propriétaires des moulins y consentaient au transport des moulias sur terre près le Rivo Sabbionaro; ils renoncaient è toute indemnitt quelconque, relative au transport et au chòmage, moyennant l’établissement par administration du barrage sur le pouveau lit et d’un canal dérivé du point dit Tanaro morto jusqu’au Rivo Sabbionaro, destiné A fournir la quantité d’eau suffisante pour les moulins, barrage et canal estimés francs 144,644 11, et que lés propriétaires s’engageaieut à maintenir à perpétuité.

Par autre acte du méme jour, le chevalier Carbonazzi seul prit l’entreprise de la construction du barrage, de la hanteur à déterminer par le directeur du chemin de fer, et celle du canal pour le prix de 138,009 francs, en relevant le Gouvernement de toutes les obligations contenues dans la convention qui précède.

Sur ces 138,000 francs le barrage figurait pour Fr. 68,798 95
et le canal de dévivalion pour » 69,201 05
Ensemble  Fr. 158.000»

Le barrage devait étre fortement appuyé aux deux rives, établi moyennant cinq lignes de pilots garnis de saucissons à la partie antérieure et à celle postérieure, pris exécuté en béton avec recourrement de planches de chéne. Le canal de dérivation devait avoir trois mètres sur le fond, Les paiements devaient étre faits par mandats de 20,000 francs à mesure de l’avancement des travaux. L’administration s’obligeait, en outre, de lui faire accorder la faculté de dériver dans le méme canal une autre quantité d’eau égale è celle nécessaire aux moulins, moyennani un canon modéré en faveur du domaine.

Les actes qui précédent furent communiqués au Ministère des finances. Celui-ci, dans sa réponse du 8 juillet, présenta de nombreuses observations sur les difficultés auxquelles lesdits actes pourraient douner lieu, soit de la part des pères et ils Cotti, compropriétaires du chevalier Carbonazzi, soit de la part des proprigtaires riverains, ainsi que sur les diverses interprétations qui pourraient ètre données à quelquesunes des dispositions concernant le volume d’eau à accorder et son maintien è perpétuité.

Le procureur général, dans sa dépéche du premier octobre, fit aussi sur Ie méme sujet plusieurs considéralions, d’aprés lesquelles il proposa également de ne pas faire sane. tionner lesdites conventions. Ensuite de ces avis elles ne furent pas soumises à l’approbatien souveraine.

Le chevalier Carbonazzi n’en avait pas moins mis la main A l’euvre pour le barrage aussitòt après la stipulation de son contrat, en se conformant aux prescriptions qui y étaient contenues. Seulement les saucissons qui devaient, d’après le devis, étre jetés en amont et en aval du barrage, furent remplacés par un massif en béton.

Pendant Pexécution de ce travail, quelques difficultés s’étant élevées sur les ouvrages è faire pour l’ouverture du canal, il fut décidé de limiter d’abord les travaux à la construction du barrage, lequel fut terminé dans la méme année.

Le chevalier Carbonazzi en demanda la collaudation. L’ingénieur Colli fut chargé, par depéche de l’administration du 25 mai 1848, d’y procéder, ce qu’il effectua le 5 juin. li re i connut les iravaux exéeutés avec la solidité, Ja régularité et ‘ les dimensions nécesszires, le remplacement des saucissons i par un massif de béton lui paraissant devoir donner encore * i plus de stabilité à la construction.

Quant à l’établissement du canal, le méme ingénieur reconnut la nécessité d’établir supérieurement au barrage une prise d’ cau, et de faire quelques travaux exigeant une augmentafion d’ouvre de francs 86,120 28.

De nouvelles négociations furent entamées à ce sujet avec le chevalier Carbonazzi, Celui-ci nroposa alors d’établir ses moulins sur la rive gauche du Tanare è còté du barrage, et de les faire fonetionner au moyen d’une turbine, Il demanda à cet effet une somme de 33,000 frames, mais son associé Colii ayant refusé d’accepter ce traité, l’administration appela les propriétaires par devant Ja délégation du contentieux des chemins de fer, La médiation du procureur général réussit à leur faire accepter le projet Carbonazzi, moyennant la somme de 55,000 francs; inais Je projet fut encore combattu par les finances, en sorte qu’il n’y fut pas donné suite.

Ces discussions se prolongè rent jusqu’en adut 1848, épeque à laquelle l’administration ayant achevé le creusemeni du nouveau lit du Tanaro, voulu y introduire les caux du fleuve.

Les propriétaires firent opposition par devant le tribunal d’Alexandrie, qui avait remplacé la délégation supprimée du contentieux.

Il en résulta une nouvelle convention sous date du l sep» fembre 1848, par Jaquelle il fat ‘décidé que les moulins seraient établis sur le barrage, aux frais de l’administration; que, pendant ie chòmage des moulins nécessité par ce transport, les propriéitaires recevraient une indemrité de 400 franc par mois; qu’enfin l’administration serait déliée de toute cbligation une fois que les moulins seraient mis en activité. La dépense du transnori de ces moulins était estimée 24,000 francs, outre 6000 francs pour la nouvelle babitation du meunier, l’ancienne devenant propriété de VEtat.

Cette convention ayant recu le i1 méme mois l’approbation du Conseil special (elle na été toutefois sanetionnée par décret royal que le 1h inin 1852), les travaux furent commencés immédiatement, lorsqu’une crùe subite du Tanaro les 17, 18 et 19 octobre vint en empécher la continuation et apporta de graves dommages au barrage.

En effet les eaux, ayant miné le fond en gravier sur lequel posaient les travaux en béton, s’y élaient cuveri un passage, laissant entièrement au-dessus le barrage luimeme,

L’ingénicur Colli en informa Vadministration dans ses rapports du 24 octobre et 18 décembre. Gelle-ci expèdia sur les lieux une Commission composée des ingénieurs Paleocapa, Maus et Negretti, lesquels, dans leur rapport du 27 décembre, déclarèrent, quant aux dégàts, ne pouvoir formellement les attribuer à un vice de construction du barrage; quant au système à adopter, que le canal de dérivation coltersit 260 mille francs, tandis que le placement des moulins sur le bar= rage ue dépasserait pas 84 mille francs, dont 62 mille francs pour les réparations au barrage et 22 milie franes pour le transport des moulins, l’habitalion du meunier et l’entretien du barrage pendant un quinquennium; qu’ainsi il convenait d’adopter ce dernier parti.

L’avocat patrimonial fut interpelé sur les obligations qui peuvaient peser sur le chevalier Carbonazzi comme entrepreneur; mais, vu le verbali de collaudation et l’avis donné par la Commission, il pensa quiune action ne pourrait étre tentée niillement contre l’entrepreneunr.

Force fut alors de s’ocenper de la réparation du barrage.