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surnomment de Quantité, à sçavoir le Nouëment de la Fable et son Desnoüement, pour imiter les Italiens en la formation de ces termes, lesquels se pourroient aucunement exprimer par l’Enlacement de la Fable, et le Desveloppement d’icelle. Or, bien que ces Parties ne soient pas dans VA d o n i s , pour ce qui est de l’Action principale de l’Espece tant estimée chez les Héroïques, c’est à dire avec merveille ou sans Agnition ou avec Agnition ; si y sont elles nonobstant; mais si c’est moins parfaittement, le deffaut de la matière en est cause. Or il s’est prouvé cy-devant que l’Eslection en a esté nécessaire de la sorte, pour l’Idée de la Nouveauté susditte, et qu’en cette Idée la Matière ou bien la Chose estoit ce que l’on consideroit le moins. Des Parties sousmises à la Constitution de la Fable, la Seconde des Propres est la Disposition; à laquelle pour estre bonne on requiert ordinairement deux choses: l’une que le Poëte en la tissure de son ouvrage ne tire pas le commencement du Narré ab ovo, recherchant la première cause de l’Action et la faisant marcher en ordre toute dans le Récit, selon le Temps qu’elle est advenue, comme vicieusement ont faict Stace et Silius Italicus, sans parler de Lucain, pouvant faire autrement; l’autre que la Peripetie, j’entens la Conversion ou le Changement de Fortune, s’y trouve, soit de bien en mal, soit de mal en bien. Pour la première (si l’on veut que le Poëte en VA d o n i s y ait contrevenu) je dis qu’il ne l’a peu observer, ou du moins qu’il ne l’a pas deu. Mais qu’il ne l’ait peu d’une part il me semble manifeste; car s’il eust donné une autre Disposition à l’ouvrage que celle qui y est, comme s’il eust commencé la Narration à l’arrivée d’Adonis dans la forest de Cypre, ou dans le Palais d’Amour, ou bien plus avant encore, on void qu’il eust perdu irrémédiablement l’occasion d’instruire le Lecteur du Suject de l’Amourachement de Venus (chose qui ne se pouvoit passer, estant absolument de l’essence de la Fable) ; il l’eust dis-je perduë, veu que, le seul Amour le sçaehant, il eust esté contre la Bien-seance du Fils envers la Mere, de l’introduire comme se vantant à aucun de sa vengeance; et eust encore esté contre la raison, veu que, s’en vantant, il eust deu craindre le