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harmonise, au contraire, toujours mieux avec la transparence légère, et spiralique de la femme italienne, faite de passion, tendresse, lumière, volonté, élan, ténacité héroïque. Preparons des corps agiles pour les trains extra-légers d’aluminium de l’avenir, qui remplaceront les trains pesants de fer et d’acier.

Convaincus que le peuple le plus agile l’emportera dans les compétitions futures, préparons dès à présent l’alimentation la mieux faite pour une existence toujours plus aérienne et rapide. Nous proclamons avant tout nécessaires:

1) L’abolition de la pastasciutta, absurde religion gastronomique italienne. La pâte ne fait pas de bien aux Italiens; elle fait obstacle à l’esprit vivace, à l’âme généreuse, intuitive et passionnée des Napolitains. Elle enserre les Italiens dans ses méandres, comme les fuseaux rétrogrades de Pénélopes ou les voiliers somnolents en quête de vent. Les défenseurs de la pâte en portent dans l’estomac des ruines, comme les archéologues;

2) L’abolition du poids et du volume dans l’appréciation des aliments;

3) L’abolition des condiments traditionnels;

4) L’abolition de la répétition quotidienne des plaisirs du palais. Nous invitons la chimie à donner au plus tôt les calories nécessaires au


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