Et du pauvre d’abord trouveront la chaumière;
Que mes jours, dont mon cœur lui réserve l’emploi,
Pour conserver les siens ne seront rien pour moi.
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Libre de vains égards ou d’un orgueil coupable,
Je jure que ma voix, de détours incapable,
Montrera sans faiblesse, ainsi qu’avec candeur,
Et l’erreur étrangère et surtout mon erreur.
Je jure encor, fidèle à mon saint ministère,
Je jure, au nom des mœurs, que mon respect austère
Ne laissera jamais mes désirs ni mon cœur
S’égarer hors des lois que chérit la pudeur.
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Ah! si mon cœur jamais, dans de honteux moments,
Abjurait sans pudeur ses vertueux serments,
Attache à tous mes pas les remords et le blâme,
Dieu vengeur qui m’entends! qu’en me fermant son âme,
La sévère amitié me laisse en un désert!
Dans ce cœur maintenant aux goûts simples ouvert
Flétris les vrais désirs, étouffe la nature,
Frappe-le des terreurs que nourrit l’imposture;
Et que plein de l’effroi d’un obscur avenir,
Je meure sans laisser aucun doux souvenir!
Mais, si de la vertu dont l’image m’enflamme
La sévère beauté toujours parle à mon âme;
Si, malgré tant de maux dont les assauts constants
Ont flétri mes beaux jours et glacé mon printemps,
À mes devoirs livré, moi-même je m’oublie,
Pour ne songer qu’aux maux qu’un autre me confie;
Si toujours mes serments sont présents à mon cœur,
Dieu juste, sur mes jours répands quelque douceur;
Veille sur les amis qui consolent ma vie;
Nourris les sentiments dont tu l’as embellie!
Chéri du malheureux, du puissant révéré,
Que mon nom soit béni plutôt que célébré!