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gl’inni sacri e la morale cattolica. | 131 |
soggiorno di Alessandro Manzoni in Brusuglio, e la sua comparazione non è priva d’ogni fondamento; non ispiega tuttavia come il nostro Poeta, in mezzo agli
piété aussi sincère qu’éclairée, sans affectation comme sans intolérance; quelque nature riche à la fois d’élévation, de finesse, d’ingénuité et d’abandon; quelque caractère resté simple, honnête et bon, malgré les séductions du génie et les corruptions de la gloire; quelque chose enfin qui pût m’aider à comprendre et faire comprendre Manzoni au lecteur par la comparaison. J’étais un peu embarrassé, quand j’eus l’idée de rétrograder de deux siècles, et de relire les Mémoires que le fils de Racine nous a laissés sur la vie de son père. J’avais trouvé mon affaire. — Et ce n’est pas seulement par le côté moral qu’il (Manzoni} ressemble à Racine; ce n’est pas seulement parce qu’il s’est renfermé très-jeune encore dans ces jouissances paisibles et pures d’époux, de père et de chrétien, qui firent le bonheur de Racine après Phèdre, depuis son mariage jusqu’à sa mort; ce n’est pas seulement parce qu’il a de Racine, avec la simplicité des goûts, une légère teinte de causticité tempérée par le sentiment religieux qui charme dans maintes pages du beau roman des Fiancés, comme elle se fait jour dans la comédie des Plaideurs; ce n’est pas seulement parce qu’il abhorre franchement, comme Racine, tout entretien relatif à lui-même et à ses productions littéraires, que l’auteur de Carmagnola et d’Adelchi peut, sous plusieurs rapports, être comparé à l’auteur d’Esther et d’Athalie. Ces deux hommes représentent à la vérité dans l’art dramatique deux systèmes bien différents; mais, de tous les dramaturges de l’école dite romantique, je n’en connais point qui, par la délicatesse du sentiment moral, le fini et la distinction de la forme, se rapproche autant que Manzoni du plus pur, du plus élégant, du plus harmonieux représentant de la tragédie classique. Offrant dans leur caractère, dans le tour de leur inspiration, et dans la physionomie générale de leurs oeuvres, je ne sais quel air de famille qui perce à travers la différence des idées, des pays et des temps, ces deux poëtes présentent encore une certaine analogie au point de vue biographique. Des deux côtés c’est la même vie honnête et simple, plus calme, plus solitaire, plus indépendante chez Manzoni, garantie plus tôt des orages du coeur par la croyance religieuse et les chastes douceurs d’un mariage heureux, moins affairée que celle de Racine, moins mélan-