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l’ensemble de l’arc alpin mais incluant aussi, pour les archives, les musées et collections, ce qui est conservé loin des Alpes dans les archives et dépôts nationaux ou suprarégionaux (par exemple à Dijon, Lyon, Turin, Milan, Venise, Munich, etc.). Il conviendra de procéder par grands thèmes, ou par types de sources.5 C’est un travail auquel l’Association naissante pourra s’atteler un jour, si elle en obtient les moyens.

Dans l’immédiat pourtant, ce qui fait le plus cruellement défaut est un accès commode à la littérature existante, aux travaux réalisés par d’innombrables chercheurs et érudits, mais dont la circulation passe en général très mal. Cela tient en partie, bien sûr, au problème des langues que nous écrivons et parlons; c’est un problème réel, mais non pas insurmontable. Cela tient surtout à l’isolement régional des chercheurs, aux contacts insuffisants qu’ils assurent entre eux à l’intérieur du massif alpin; et aux traditions historiographiques, donc aux orientations de la recherche, qui diffèrent sensiblement dans chacun des grands ou petits pays, ou des espaces culturels, qui se partagent les Alpes. Des pays pour qui, en outre, la montagne (à l’échelle nationale) n’a pas la même valeur, la même force d’attraction, n’éveille pas les mêmes sentiments ni par conséquent la même curiosité. Les bilans «nationaux» réunis dans cette publication vont confirmer cette dissemblance.

C’est pourquoi il est temps que nous en prenions conscience et que nous dépassions la diversité de nos approches en essayant de partager nos expériences, nos savoirs - qui sont déjà riches -, nos interrogations. Et ceci d’une façon régulière et continue, que seule permet, je pense, une structure institutionnalisée. L’idée était dans l’air depuis bien des années. Elle avait été exprimée, par exemple, dès 1973 lors du congrès Le Alpi et l’Europa de Milan.6 Sans succès jusqu’à ce jour: il appartient à ce colloque de Luceme de faire aboutir nos espoirs. Grâce à l’ambition que nous partageons et à notre volonté affirmée de coopérer désormais, grâce à l’élan des jeunes historiens, grâce aussi à l’intérêt porté à notre initiative par une institution de soutien aussi décidée et solide que la fondation Akademie 91, tout devient enfin possible.

Non pas que dans le passé, du moins récent, les historiens des Alpes, d’une vallée à l’autre, d’une université à l’autre, se soient ignorés tout à fait. Quelques publications relatives à notre sujet ont circulé, ont reçu un écho plus ou moins large, ont fait l’objet de discussions de méthode et ont suscité de nouvelles recherches - encore est-il plutôt rare qu’elles aient franchi les frontières nationales ou linguistiques. Les essais de synthèse comparative se comptent encore sur les doigts d’une main, et ne concernent au mieux qu’une période ou un

14 HISTOIRE DES ALPES - STORIA DELLE ALPI - GESCHICHTE DER ALPEN 1996/1