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L'AVARE FASTUEUX 363

Frontin. Ce n’est pas moi, je crois.

Chateaudor. Vas chercher une lumière.

Frontin. Oui, monsieur.

Chateaudor. Attends, attends, j’entens du monde.

SCÈNE VII.

Chateaudor, Frontin, La Fleur.

La Fleur. Qu’est-ce que cela veut dire? on a éteint les bougies! est-ce qu’on ne souperoit plus ce soir? Si je pouvois voir Frontin.

Frontin. (Bas à Chateaudor) C’est la Fleur, je crois.

Chateaudor. (Bas à Frontin le tenant par le bras) Reste, et parle lui comme si je n’y étois pas. (A part) Si je pouvois découvrir...

La Fleur. (Heurtant Frontin) Qui est là?

Frontin. C’est moi.

La Fleur. C’est toi, Frontin? Pourquoi as-tu donc éteint les lumières?

Frontin. Pourquoi? c’est que c’étoit trop tôt.

La Fleur. Parbleu! l’on voit bien que tu as à faire à un avare.

Frontin. (Voudroit s’en aller, son maître le retient) Comment! mon maître un avare?

La Fleur. Je parle d’après ce que tu m’as dit.

Chateaudor. (A part) Ah le malheureux!

Frontin. (A la Fleur) Tu en as menti.

La Fleur. Paix. Paix. Ne t’echauffe pas. Ecoute. J’ai imaginé un moyen pour escamoter quelques bouteilles de vin, malgré les boules de papier.

Frontino. Tu es un fripon; je ne sais1 pas ce que tu veux dire.

La Fleur. Je ne te reconnois pas, mon ami Frontin, tu as changé de langage; tu parles à present, comme si ton maître y étoit.

Frontin. Je parle toujours de même. J’aime mon maître, et c’est un gentilhomme généreux.

La Fleur. Et toutes les vilainies que tu m’as conté de lui?

  1. Manoscritto: sçais.