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360 ACTE CINQUIÈME

Frontin. Mais, monsieur, il nous reste bien de choses a faire; il vaut mieux se précautionner1 je crois.

Chateaudor. (Bas à Frontin) Mais les bougies du lustre dureront elles assez?

Frontin. Monsieur, ne craignez rien. J’ai choisi des bouts assez longs, je vous les garantis jusqu’à minuit.

Chateaudor. Sont-ils bien solides?

Frontin. Très-solides. Je les ai entassés sur des espèces de brûle-tout avec des bonnes pointes. (un de deux hommes à livrée fait tomber une bougie du lustre. Frontin y accourt.)

Chateaudor. (A Frontin avec colère) Qu’est-ce que c’est donc? voilà une bougie de perdue2. Renvoye ces canailles, maladroits3

Frontin. (Aux deux hommes) Allez, allez, vous n’êtes bons qu’à manier la faulx et la bêche. (les hommes sortent) Il faudroit remplacer la pièce tombée.

Chateaudor. On ne prendra pas garde, s’il y a une bougie de moins. Ramasse les morceaux de cire, et dépêche-toi.

Frontin. Je resterai donc seul ici? et j’ai le couvert à mettre, et j’ai le dessert à arranger. Si j’appellois la Fleur, monsieur, pour me faire aider? celui-là sait servir, c’est un garçon adroit.

Chateaudor. Oui, fais venir la Fleur, je lui parlerai en même tems.

Frontin. (S’approche de la porte de l’appartement pour rappeller la Fleur)

Chateaudor. (Sortant de sa poche des papiers écrits) Je ferai voir à monsieur le Marquis mes projets, je les ai arrangés de trois manières différentes. On choisira celui qui conviendra le mieux.

SCÈNE III.

Chateaudor, Frontin, La Fleur.

Frontin. (A Chateaudor) Monsieur, voici la Fleur; il veut bien se prêter.....

Chateaudor. (A la Fleur) Votre maître est-il visible?

  1. Manoscritto: précautioner.
  2. Così il ms.
  3. Così nel ms.