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354 | ACTE QUATRIÈME |
Araminte. Oui, monsieur. Elle n’aime pas son prétendu, je le sais, moi, je ne l’estime pas d’avantage, c’est encore vrai, ce mariage peut se faire, et ne pas se faire, mais en attendant il faut respecter le décorum, la bienséance, il faut me respecter, monsieur.
Le Vicomte. (Doucement) Madame, je suis au désespoir de vous avoir déplu, mais vous ne savez pas ce qui se passe actuellement?
Araminte. Qu’est-ce que c’est donc? que voulez-vous dire?
Le Vicomte. Je voulois vous dire, madame.... que vous êtes trompée.
Araminte. Je suis trompée! qui est-ce qui me trompe?
Le Vicomte. Je suis fâché d’être le premier à vous en parler, mais tôt ou tard vous deviez le savoir. Monsieur de Chateaudor vient de demander ma soeur en mariage.... à mon père.
Araminte. (Après un moment de silence) Je ne le crois pas. Chateaudor ne m’en a pas parlé, il ne m’en a pas prévenue; je ne le crois pas.
Le Vicomte. (Sérìeux) Madame, je suis jeune, je suis amoureux, mais je suis gentilhomme, je suis homme d’honneur, et je ne sais pas mentir.
Araminte. Allons, allons, ne vous fâchez pas. Mais cela me paroissoit si extraordinaire que je ne pouvois pas le croire. Quel homme! quelle conduite! quelle indignité! Je n’en suis pas fâchée. Mais j’en suis extrémement piquée.
Le Vicomte. Ah, madame, voilà mademoiselle dégagée... Si je pouvois me flatter de la mériter...
Araminte. Rien ne vous manque, monsieur, pour vous faire agréer. Votre naissance, votre caractère, votre conduite, tout parle en votre faveur, et vous me faites honneur en jetant1 les yeux sur ma fille. Mais permettez que je vous le dise: le délabrement de votre maison...
Le Vicomte. Ah ce n’est que trop vrai, madame. Je me rénds
- ↑ Manoscritto: jettant. Prima leggevasi: de jetter.