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L'AVARE FASTUEUX | 331 |
Chateaudor. Non, madame, il y aura des gens titrés, des gens de lettres, des gens de robe, enfin des personnes de la première distinction.
Araminte. Tant pis, tant pis. C’est une folie, c’est de la vanité toute pure, mon ami. Vous ne connoissez pas le prix de l’argent.
Chateaudor. (Un peu étonné) Moi, madame!
Araminte. Oui, oui, vous. Votre soeur m’a trompé; elle m’a dit que vous étiez econome, et je l’ai cru sur sa parole. Autrement je n’aurois jamais accordé ma fille à un homme aussi vain, aussi dépensier que vous l'êtes.
Chateaudor. Moi dépensier, madame?
Araminte. Je m’en suis toujours douté, sur tout quand j’ai vu que vous aviez donné des sommes considérables pour acheter un titre qui ne produit presque rien.
Chateaudor. Comment, madame; est-ce que vous n’en êtes pas flattée? ce titre n’apportera-t-il pas un avantage réel aux enfans de votre fille?
Araminte. Point du tout1. J’aurois mieux aimé vous donner ma fille quand vous n’étiez2 que monsieur du Colombier ancien bourgeois, qu’à présent que vous êtes monsieur de Chateaudor nouveau gentilhomme.
Chateaudor. Mais, madame...
Araminte. Oui, vos pères ont bati, et vous allez détruire.
Chateaudor. Moi détruire! vous étes dans l’erreur, madame.
Araminte. Eh point, point. Tenez, je gage que sans vous connoître en diamans, et sans vous consulter, vous allez être la dupe de ce bijoutier.
Chateaudor. Oh pour ces diamans là, madame....
Araminte. Oh pour ces diamans là.... je vous vois venir, c’est la parure de madame de Chateaudor... Et qu’est-ce que madame de Chateaudor? Ma fille, monsieur, a été élevée bien comodement, mais modestement. Nous avons toujours tout donné à la bienséance, à l’honnêteté, à la décence, et rien au faste,