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324 | ACTE SECOND |
Dorimène. Cela se peut. Mais quand vous êtes arrivée à Paris, votre air n’étoit pas si sombre, vous avez changé, et certainement vous avez du chagrin.
Léonor. Madame, je ne aperçois1 pas de ce changement.
Dorimène. Eh ma chère enfant, vous me cachez la verité. Vous vous méfiez de moi. Rendez-moi plus de justice, et ne croyez pas, que pour avoir entamé un projet de mariage entre vous et mon frère, j’aie la sotte 2 ambition de le faire réussir aux dépens de votre tranquillité. Ouvrez-moi votre coeur, parlez-moi sincèrement, et vous verrez si vous avez a faire à une amie.
Léonor. (A part) Si je pouvois m’y fier... mais non.
Dorimène. Vous sentiriez-vous quelque répugnance pour mon frère?
Léonor. Madame.... il n’y a pas longtems que j’ai l’honneur de le connoître.
Dorimène. Son âge, par exemple, ne vous paroit-il pas un peu trop avancé par rapport au votre?
Léonor. Son âge, madame! l’âge n’y fait rien, je crois.
Dorimène. Vous auroit-on dit que Chateaudor est un peu trop econome?
Léonor. Eh, madame, vous le savez que3 je suis née et elevée dans l’economie.
Dorimène. (Avec une gaîté affectée) Je vois donc, mademoiselle4 à ma très-grande satisfaction que jusqu’à présent je m’étois trompée sur votre compte, et que vous serez heureuse avec mon frère.
Léonor. (Agitée) Je n’en sais rien, madame.
Dorimène. Allons, mademoiselle, parlons sans feinte; je connois votre coeur malgré vous, il me parle et... Savez vous ce qu’il me dit actuellement.
Léonor. (Avec crainte) Quoi, madame?
Dorimène. Qu’il est prévenu pour un autre que mon frère.
Léonor. (En tremhlant) Moi, madame!