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L'AVARE FASTUEUX 321

Chateaudor. Qu’est-ce que c’est? à qui parle tu, Frontin?

Frontin. Ce sont six gros paysans de la villette qui apportent cette lettre de votre fermier.

Chateaudor. Ah! je sais ce que c’est. Il faut que je les voye. (il s’approche de la porte, et les regarde sans sortir)

Frontin. Que diable veut-il faire de ces magots là?

Chateaudor. (Revìent en ouvrant la lettre) Ce sont, ma foy, de beaux hommes, jeunes, bienfaits. (à Frontìn) Prends la clef du gardemeubles que tu trouveras sous le n.° 16 dans mon cabinet. Tu connois l’armoire où sont mes beaux habits de livrée. Tu en prendras dix. Deux pour mon cocher et mon palefrenier, un pour le portier, un pour le laquais de ma soeur, et six pour les hommes qui viennent d’arriver. Ces jeunes gens me paroissent assez propres. Tu leur feras donner un coup de peigne, un peu de poudre, et s’ils ont besoin de souliers, il faudra voir. Il y a des souliers à tout prix.

Frontin. Et quel traitement faut-il leur faire, monsieur?

Chateaudor. Je suis convenu avec mon fermier que je leur payerai les journées, et que je leur donnerai pour boire. Tu acheteras pour eux deux pains de quatre livres, et deux bouteilles de vin de cabaret, et si tu veux les regaler des fragmens de la table, tu peux en disposer, car les restes de mets entamés appartiennent au maître d’hotel.

Frontin. Est-ce que monsieur a la bonté de m’honorer de cet employ?

Chateaudor. Oui pour aujourdhui 1

Frontin. Et l’habit, monsieur.

Chateaudor. Je t’en donnerai un.

Frontin. (A part) Il me resterà, peut-être.

Chateaudor. Mais comment va la cuisine? Avance-t-elle? serons nous servis à trois heures?

Frontin. Monsieur, le cuisinier fait ce qu’il peut. II a passe la nuit, il travaille comme un format; mais il est seul avec son petit marmiton 2 qui ne sait pas meme souffler le feu.

  1. Così il manoscritto.
  2. Manoscritto: marmitton.