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320 | ACTE PREMIER |
s’agit de me dire combien il faudra qua je vous donne pour les quatre habits qui me resteront, et pour l’usage que j’aurai fait de vos ornemens.
Frontin. (A part) A présent je reconnois mon maître.
M. Chateaudor. (Au tailleur) Et bien, monsieur, qu’en dites vous?
Le Tailleur. (En reculant) Monsieur, je suis interdit.
Chateaudor. Trouvez-vous ma spéculation singulière?
Le Tailleur. (En reculant) Monsieur, je suis pétrifié.
Chateaudor. Est-ce que vous vous moquez de moi?
Le Tailleur. Monsieur, j’ ai l'honneur de vous saluer. (il sort)
SCÈNE VII.
Chateaudor, Frontin.
Chateaudor. Comment! il me quitte? il me manque? (à Frontin) Suis-le; force-le à revenir, je saurai me venger...
Frontin. Mais, monsieur....
Chateaudor. (A Frontin) Non, arrêtes1; qu’il s’en aille, ma colère pourroit me couter plus cher que mes habits.
Frontin. Au moins, s’il avoit dit quelque chose, mais il s’en va interdit, pétrifié. Monsieur le tailleur, vous êtes riche, mais vous n'etes pas moins ridicule.
Chateaudor. C’est un sot, qui ne sait pas calculer. Quand il auroit même perdu quelque chose sur la broderie, n'avoit-il pas le moyen de se retirer sur le drap et sur la façon?
Frontin. (Regardant à la porte) Je vois du monde dans l’antichambre.
Chateaudor. Va voir ce que c'est.
Frontin. (Va voir à la porte.)
Chateaudor. Ce tailleur, tout imbecille qu’il est, m’a donne une bonne leçon. Je changerai d’avis sur le compte de ma parure, et je reverrai mon ami le Morne.
Frontin. (Toujours à la porte) Arrêtez, arrêtez, on n’entre pas tout d’un coup chez les grands seigneurs.
- ↑ Manoscritto: arretes.