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L'AVARE FASTUEUX | 319 |
SCÈNE VI.
Chateaudor, Frontin, le Tailleur.
Le Tailleur. (A Chateaudor) Monsieur, j’ai l’honneur de vous présenter mes tres-humbles respects.
Chateaudor. Bon jour, monsieur. J’aurois besoin de quatre habits. Il s’agit de mon mariage. Il me faut des habits riches, élégans1, et bienfaits2
Le Tailleur. Monsieur, j’aurai l’honneur de vous servir, et je me flatte, que j’aurai le bonheur de vous contenter.
Frontin. (Au tailleur) Monsieur, mon maître3 paye bien.
Le Tailleur. (A Frontin) J’ai l’honneur de le connoître. Qui est-ce qui ne connoit pas monsieur de Chateaudor?
Chateaudor. (A part) A la mine, il ne me paroit pas méchant. Il a un carrosse! S’il l’a bien gagné, tant mieux pour lui.
Le Tailleur. (A part) Je sais bien 4 que c’est une mauvaise pratique, mais nous verrons. (à Chateaudor) Monsieur voudra certainement des étoffes d’or, des étoffes d’argent?
Chateaudor. Point du tout. Je veux quatre habits de drap garnis de broderie très-large, très-magnifique.
Frontin. (A part) Diable! je ne reconnois pas là mon maître.
Le Tailleur. Beaucoup de paillettes sans doute.
Chateaudor. Non, monsieur, de la broderie appliquée sans clinquant, mais tout ce qu’il y a plus beau dans ce genre de broderie.
Le Tailleur. Allons, monsieur, chacun a son goût; je tâcherai de vous satisfaire. Voulez-vous que je vous prenne la mesure?
Chateaudor. Je le veux bien, mais à une condition.
Le Tailleur. Voyons la condition.
Frontin. (A part) Voyons, voyons.
Chateaudor. Je porterai mes quatre habits deux fois chacun et au bout de huit jours vous reprendrez vos broderies, qui seront toutes neuves, et que vous revendrez comme telles; il