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212 ACTE TROISIÈME

Marton. Monsleur, c’est qu’il y a le pretendu et le témoin.

M. Géronte. (A Angélique) Approchez.

Angélique. (S’approche en tremblant, et adresse la parole à madame Dalancour) Ah! ma soeur, que j’ai de pardons1 à vous demander!

Marton. (A madame Dalancour) Et moi aussi, madame...

M. Géronte. (A Dorval) Venez ici, monsieur le prétendu. Eh bien! êtes-vous encore fâché? Ne viendrez-vous pas?

Dorval. Est-ce moi?

M. Géronte. Vous-même.

Dorval. Pardonnez-moi; je ne suis que le témoin.

M. Géronte. Le témoin!

Dorval. Oui, voilà le mystère. Si vous m’aviez laissé parler...

M. Géronte. Du mystère! (à Angélique) Il y a du mystère?

Dorval. (D’un ton sérieux et ferme) Ecoutez-moi, mon ami. Vous connoissez Valère; il a su les désastres de cette maison; il est venu offrir son bien à monsieur Dalancour et sa main a Angélique. Il l'aime, il est prêt à l’épouser sans dot, et à lui assurer un douaire de douze mille livres de rente. Je vous connois, je sais que vous aimez les belles actions; je l’ai retenu, et je me suis chargé de vous le présenter.

M. Géronte. (Fort en colère, et à Angélique) Tu n’avois pas d’inclination? Tu m’as trompé. Non, je ne le veux pas; c'est une supercherie de part et d’autre, je ne le souffrirai pas.

Angélique. (En pleurant) Mon cher oncle...

Valère. (D'un air passionné et suppliant) Monsieur...

M. Dalancour. Vous êtes si bon!...

Mde. Dalancour. Vous êtes si généreux!

Marton. Mon cher maître!...

M. Géronte. (A part, et touché) (Maudit soit mon chien de caractère! Je ne puis pas garder ma colère, comme je le voudrois. Je me souffletterois volontiers). (Tous à la fois répètent leurs prières, et l'entourent.)

  1. Nel testo: pardon.