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208 | ACTE TROISIÈME |
cela même: Dorval craint l’alliance d’un homme perdu; il est là, il l'examine peut-être, pour s’en assurer davantage. Mais pourquoi ne me l’a-t-il pas dit? Je l’aurois persuadé, je l’aurois convaincu... Pourquoi n’a-t-il pas parlé? Dira-t-il que ma vivacité ne lui a pas donne le temps? Point du tout; il n’avait qu’à attendre, il n’avoit qu’à rester; ma fougue se seroit calmée, et il auroit parlé. Neveu indigne! traître! perfide! tu as sacrifié ton bien, ton honneur; je t’ai aimé, scélérat! je ne t’ai aimé que trop! je t’effacerai tout à fait de mon coeur et de ma mémoire... Sors d’ici, va perir ailleurs... Mais où iroit-il? N’importe, je n’y pense plus; c’est sa soeur qui m’interesse, c’est elle seule qui mérite ma tendresse, mes soins... Dorval est mon ami, Dorval l'épousera; je lui donnerai la dot, je lui donnerai tout mon bien, tout. Je laisserai souffrir le coupable; mais je n’abandonnerai jamais l’innocence.
SCÈNE VII.
Monsieur Dalancour, monsieur Géronte.
M. Dalancour. (Avec un air effrayé, se jette aux pieds de monsieur Géronte) Ah, mon oncle! écoutez-moi de grâce.
M. Gèronte. (Se retourne, voit Dalancour et recule un peu) Qu est-ce que tu veux? lève-toi.
M. Dalancour. (Dans la même posture) Mon cher oncle! voyez le plus malheureux des hommes; de grâce, écoutez-moi.
M. Gèronte. (Un peu touché, mais toujours avec colère) Lève-toi, te dis-je.
M. Dalancour. (A genoux) Vous dont le coeur est sì généreux, si sensible, m'abandonnerez-vous pour une faute qui n’est que celle de l’amour, et d’un amour honnête et vertueux? J’ai eu tort, sans doute, de m’écarter de vos conseils, de negliger votre tendresse paternelle: mais, mon cher oncle, au nom du sang qui m’a donne la vie, de ce sang qui vous est commun avec moi, laissez-vous toucher, laissez-vous fléchir.