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196 ACTE SECOND


Dorval. (Un peu piqué) Mais... ce parti... Si c’étoit moi, mademoiselle?...

Angélique. (Avec de la joie) Vous, monsieur? Tant mieux!

Dorval. (Avec un air content) Tant mieux?

Angélique. Oui, je vous connois, vous êtes raisonnable, vous êtes sensible; je me confie à vous. Si vous avez donne cet avis à mon oncle, si vous avez proposé ce parti, j’espère que vous trouverez le moyen de l'en détourner.

Dorval. (A part) (Ah! ah! Cela n’est pas mal), (à Angélique) Mademoiselle...

Angélique. (Tristement) Monsieur...

Dorval. Auriez-vous le coeur prévenu?

Angélique. (Avec passion) Ah, monsieur!

Dorval. Je vous entends.

Angélique. Ayez pitié de moi!

Dorval. (A part) (Je l'ai bien dit; je l’avois bien prévu; heureusement je n’en suis pas amoureux; mais je commençois à y prendre un peu de gôut).

Angélique. Monsieur, vous ne me dites rien?

Dorval. Mais, mademoiselle...

Angélique. Prendriez-vous quelque intérêt particulier à celui qu’on voudroit me donner?

Dorval. Un peu.

Angélique. (Avec passion et fermeté) Je le haïrois, je vous en avertis.

Dorval. (A parit) (La pauvre enfant! J’aime sa sincérité).

Angélique. Hélas! soyez compatissant, soyez généreux.

Dorval. Eh bien! mademoiselle... je le serai... je vous le promets... Je parlerai à votre oncle pour vous; je ferai mon possible pour que vous soyez satisfaite.

Angélique. (Avec joie) Ah! que je vous aime!

Dorval. (Content) La pauvre petite!

Angélique. (Avec transport) Vous êtes mon bienfaiteur, mon protecteur, mon père. (elle le prend par la main)

Dorval. Ma chère enfant!